On déconstruit des idées, des préjugés, on ne déconstruit pas des personnes

Il est 1h30 du mat’, tout à fait l’heure pour me mettre à pondre un article de blog un peu abracadabrant sur le milieu militant, n’est ce pas ?

Pour une fois, ça n’est pas un coup de gueule, mais plus une réflexion, probablement incomplète, que j’ai envie de faire partager.

Dans le milieu militant (féministe en particulier), on parle souvent de « personnes déconstruites », pour évoquer les personnes qui ont conscientisé les privilèges qu’elles ont de par leur position dans la société (une personne blanche est privilégiée par rapport à une personne non-blanche, une personne hétérosexuelle est privilégiée par rapport à une personne non-hétérosexuelle, une personne valide est privilégiée par rapport à une personne vivant avec un handicap, etc etc. Je pense que, même si vous n’avez jamais mis les pieds dans le milieu militant, ces quelques exemples vous permettent de voir l’idée).

Donc. Une personne déconstruite, dans le milieu militant, c’est PLUTOT BIEN.

Mais dans ma tête, une personne déconstruite, c’est ça :

Personne brisée

C’est littéralement, une image de ce genre qui me vient à l’esprit à chaque fois que j’entends l’expression « une personne déconstruite ». Une personne morcelée, réduite en morceaux, brisée.
C’est PLUTOT BEAUCOUP MOINS BIEN.

Et cette image, qui me titille de manière récurrente, elle m’a amené à réfléchir sur cette expression « personne déconstruite », et à réaliser pourquoi elle ne me convient définitivement pas du tout.
Il y a plusieurs niveaux de réflexion dans le même post, ça sera surement un peu fouillis, mais je vais essayer quand même :

– « Etre déconstruit », c’est la réalité psychique de pas mal de personnes.

Pas mal de troubles psy entrainent, de manière durable ou transitoire, un sentiment d’être « déconstruit ». Au sens : morcelé, en miettes.
Sans en faire une liste exhaustive : c’est en particulier le cas des troubles psychotiques.
Et c’est aussi – et c’est surement pour ça que l’expression me fait autant tiquer, à la base – le cas lors de crises d’angoisses.
Personnellement, en crise d’angoisse, j’ai – littéralement – l’impression que mon corps n’est plus entier. Je ne le sens plus, je n’ai plus aucune perception cohérente de ses limites physiques. Inutile de préciser que ça n’est pas VRAIMENT la sensation la plus plaisante au monde.
Pour le coup, je trouve le terme moyennement top, vu ce qu’il peut renvoyer comme sensation angoissante à une personne dans mon cas.

Bon. Ca, c’était pour le niveau de lecture « purement personnel » (quoi que je me suis toujours demandé si d’autres personnes avaient tiqué à ce sujet là sans forcément en parler).

Pour arriver à un niveau de lecture un peu plus « militant », maintenant.

– Une personne est certes fortement influencée par les construits sociaux, mais pas que.

Cette expression de « personne déconstruite » me renvoie à l’idée que TOUT dans ce que nous sommes, que notre personne en elle-même, notre personnalité, notre caractère, n’est QUE la somme des construits sociaux.
Pour modifier nos préjugés, pour prendre conscience de nos construits sociaux, de nos privilèges, il s’agirait alors de TOUT remettre en question dans ce que nous sommes. Comme s’il n’y avait pas une « ossature », une trame, quelque chose qui fait notre personne et qui n’est pas QUE des construits sociaux.
Et cette idée, je la trouve vachement dangereuse, en fait.
En allant aussi loin dans la réflexion « sociologique », on oublie que certes, nous sommes inscrits dans une société et dans un système, mais pour autant, nous sommes quand même des individus. Avec nos besoins propres, nos forces, nos souffrances, nos… ‘fin tout ca.
Et très concrètement, dans les milieux militants, ce jusqu’au boutisme de la déconstruction, il amène à oublier que la déconstruction de ce qui a fait nos certitudes, nos repères… Elle n’est pas sans douleur. Et que nous ne sommes pas tou.te.s égaux.ales face à cela.
Qu’avoir besoin de repères est légitime. Voire même vital.
Que tout déconstruire, trop vite, trop abruptement, sans prendre le temps de reconstruire entre temps des bases solides, c’est sacrément casse-gueule. Qu’il y a des personnes qui ne peuvent pas se permettre cette démarche, sous peine de sérieusement plonger (indice : ça n’est souvent pas les personnes les plus privilégiées par le système social, d’ailleurs !).

On entend souvent – comme argument face à une personne qui n’arrive pas (ou ne veut pas) remettre ses certitudes en question : « C’est ton égo qui parle ».
Comme si « l’égo » était quelque chose à proscrire, à bannir, à éradiquer comme la peste noire.
Sauf que « Ego », ca veut dire « moi ». Je ne vais pas aller dans un petit trip psychanalytique sur le moi, le surmoi et tout ce bullshit là (comment ça, j’aime pas la psychanalyse ? Mais non, voyons… Juste une impression !).
Par contre, « moi », c’est ma personne. C’est qui je suis. C’est la somme de mon parcours, de mes valeurs, de mon corps, de mes forces, de mes faiblesses.
Alors oui, on a tou.te.s un égo. Et guess what : sans ça, on serait juste mort.es. Ou des coquilles vides. Ou… je ne sais pas trop quoi, mais en tous cas, l’idée n’est pas alléchante.

Au nom du fait qu’il ne faut pas réfléchir en fonction de notre « ego », le milieu militant oublie souvent en chemin un truc qui s’appelle BIENVEILLANCE.
Une personne qui est blessée par une réflexion dans un cadre militant, on ne va pas la réconforter, on ne va pas s’excuser de l’avoir blessée, on ne va pas essayer de lui faire comprendre les choses autrement. On va rire d’elle, on va la renvoyer « checker ses privilèges ».
Et je garde la conviction qu’en ne prenant pas le temps de redescendre des fois du niveau « sociologique » jusqu’au niveau « humain », on devient des enfoirés maltraitants. Envers les personnes qu’on prétend « déconstruire », justement.

Et si on arrêtait de se dire qu’on a le droit et le devoir de « déconstruire des personnes », au risque de les faire partir en vrille ?
Leur ouvrir les yeux ? Oui.
Les amener à réfléchir ? Oui.
Les déconstruire ? Les morceler ? Je suis beaucoup moins convaincue.

– « Je suis une personne déconstruite », la porte ouverte à la course au « crédit militant ».

Un des gros travers du milieu militant, c’est que des fois, on perd de vue pourquoi on milite.
On ne milite pas « pour être un.e bon.ne militant.e ». On milite pour faire changer les choses. On milite pour que les personnes homosexuelles ne risquent plus de se faire casser la gueule dans la rue parce qu’elles tiennent la main de la personne qu’elles aiment. On milite pour que les gros.ses ne soient plus discriminés à l’embauche. Ce genre de trucs « bassement pratiques » là. Et on milite, de manière générale, pour que la société soit un peu moins un tissu de discriminations diverse et variées.
C’est ça, le but. C’est ça, la finalité.

Or – parce que l’humain a un besoin de reconnaissance, d’appartenance, et que ça fait partie des besoins sociaux primaires de l’être humain… Dans le milieu militant comme ailleurs, il y a une course à la reconnaissance.

Et vu que « être une personne déconstruite », c’est un peu le saint graal des militant.es, la fontaine de jouvence dans laquelle plonger, ou la condition d’obtention du badge du militant de l’année… Tout devient prétexte à montrer qu’on est VRAIMENT TRES TRES TRES DECONSTRUIT.
Je me demande souvent, en regardant d’autres militant.es (et en me regardant moi-même, aussi, hein…) quelle part des discours militants, des théories, des idées qu’iels évoquent iels se sont VRAIMENT appropriée (au sens positif du terme s’approprier, à savoir « faire siennes », « pleinement incarner », y compris dans sa vie de tous les jours, y compris « loin du regard des autres militant.es »). Et quelle part est juste de l’appris par coeur récité « parce que c’est ça qu’il faut dire ».

Et ça aussi, je le met, vraiment, en lien avec cette idée de « personne déconstruite ». Comme si on devait incarner une personne complètement nouvelle, radicalement changée, comme un genre de phœnix qui renait de ses cendres, pour avoir le droit à être reconnu.e comme étant un.e militant.e valable.

Et le fait de créer une sorte de groupe de « super-militant.e », qui sont affublé.es du terme de « personnes déconstruites », ça ne fait que renforcer un clivage difficile : avant d’être une « personne déconstruite », on a tou.te.s été des personnes qui n’avaient pas conscience de tout ça. Des discriminations. Des privilèges. Qui avons porté des plumes d’indiens au carnaval de notre école sans se dire une demi-seconde que ce qu’on faisait n’était pas respectueux des cultures – abondamment pillées et détruites par les blancs – des natifs américains. Qui avons traité notre emmerdeur de chef de « gros pd » sans réaliser que c’était à la base une insulte homophobe. Qui avons traité le chauffard qui a failli nous renverser de « cinglé », sans se dire que c’était psychophobe. Tout ca. On l’a tou.te.s fait. Absolument tou.te.s. Ca et plein d’autres trucs.
Pour le coup, ce titre de « personne déconstruite », il est dangereux, parce qu’il n’amène pas à tendre la main aux autres. A leur expliquer. A ne pas les voir comme des crevures qui se roulent dans leur privilèges, mais juste… comme des gens qui ne savent pas.

– Et si on arrêtait de mettre les « personnes » au centre du débat, pour y remettre les idées ?

Un truc qui me fait toujours tiquer dans le milieu militant, c’est le fait de rattacher une valeur morale à une personne. De lui attribuer un droit (ou pas) à s’exprimer, en fonction de l’entier de ses idées.
Mh. C’est surement pas très clair ce que je dis là, alors je vais parler d’un cas concret.
Admin d’une page facebook luttant contre la psychophobie, je suis tombée sur un texte d’une personne évoquant l’automutilation, en lien avec le rapport au corps dans notre société, avec les injonctions aux personnes assignées femmes à être « belles » (et donc, surtout, à ne pas se couvrir volontairement de cicatrices, olala non surtout pas).
J’ai trouvé ce texte très pertinent.
Je l’ai partagé.
Et là… que n’avais-je pas fait.
Il se trouve que la personne qui avait écrit ce texte a, dans un autre texte, eu des positions passablement « limite » face aux personnes trans.
Tollé de commentaires : « Il ne faut surtout pas partager ce texte, son auteure est transphobe ».
Bon.
Dilemme éthique express (express, parce que bon, une shitstorm sur internet, ça part vite, et dans ces cas là tu as intérêt à réfléchir vite si tu ne veux pas devoir gérer 10, puis 20, puis 100 personnes très énervées dans les commentaires de ta publication…). Au final on a retiré ce texte de la page, d’entente avec les autres admins de la page.

Pourtant, à aucun moment du texte, l’auteure n’évoquait la question des personnes trans.

Et ça aussi, je le mets en lien avec cette notion de PERSONNE déconstruite.
Comme si avoir déconstruit des préjugés dans un domaine n’était pas suffisant pour avoir voix au chapitre dans ce domaine précis, mais qu’il fallait avoir passé à la moulinette l’entier de ce que la société nous a inculqué, sans la moindre exception, pour avoir voix au chapitre.

Et ça, sincèrement, j’ai du mal à adhérer.

Même si une personne est transphobe (et dieu sait que je ne cautionne pas la transphobie, à plus forte raison en tant que personne non binaire…) est-ce qu’on ne peut pas valoriser ses IDEES dans d’autres domaines ?
Est-ce qu’elle ne peut pas faire avancer les choses dans d’autres domaines, même si, effectivement, elle ne les fera pas (ou pas encore) avancer au niveau de la situation des personnes trans ?
Est-ce qu’on droit se priver des savoirs, des idées, des connaissances d’une personne X dans un ou plusieurs domaines, parce qu’elle n’est pas INTEGRALEMENT « une personne déconstruite » ?
Est-ce que c’est sa personne qui compte, ou ce qu’elle dit et fait ?
Est-ce que quand on partage un texte dans un groupe militant, on le fait pour faire avancer des idées, ou on le fait pour attribuer des points de crédit militant à son auteur.e ?
Est-ce que c’est vraiment « la personne » qui doit être au centre de la réflexion, dans ce cas là ?

Pour toutes ces raisons… L’expression « une personne déconstruite » me laisse un arrière-gout amer dans la bouche. Et personnellement, je me refuse à l’utiliser.
Je parle de déconstruire des préjugés, d’ouvrir les yeux des individus.
Je ne parle jamais de « déconstruire des personnes ». Moi y compris.

5 réflexions sur “On déconstruit des idées, des préjugés, on ne déconstruit pas des personnes

  1. Merci. Tu mets le doigt (ou les doigts) sur ce qui me gêne. Le terme en lui-même, déjà, et le fait qu’on parle de personnes et pas d’idées. Moi, le terme, je l’utilise entre parenthèses parce que c’est celui que les gens comprendront, mais il me met mal à l’aise. Déjà parce qu’il est négatif – et même si je comprends l’idée, je préférerai qu’on valorise l’aspect positif des prises de conscience personnelles.

    Et puis précisément, comme tu dis, parce qu’il est question de personnes et pas d’idées. Et ça, c’est souvent ce qui bloque le discours. Tout comme dire que telle personne est transphobe. En l’absolu, c’est peut-être vrai, mais c’est surtout que cette personne s’inscrit dans un système, dans un schéma de pensées dominant qu’elle reproduit, qu’elle établit, qu’elle renforce. Ce n’est pas une personne isolée, et je n’aime pas l’idée d’aller taper sur des gens au lieu de le faire sur des idées. Ce sont rarement les gens en eux-mêmes le problème. Les gens peuvent cesser de faire partie du problème, mais encore faut-il leur laisser le temps de le faire. Non, tout le monde ne va pas ouvrir les yeux d’un seul coup. Et c’est normal. Oui, c’est chiant, c’est violent parce que parfois ils perpétuent des oppressions qui TUENT. En toute honnêteté, qui ne l’a pas fait ? Qui peut se targuer de n’avoir jamais été oppressif et, même en ayant déconstruit ses préjugés, de ne jamais l’être ?

    Et cette course à être lea meilleur-e, dans le militantisme, me semble vraiment terrible. Parce qu’elle passe toujours par écraser les autres. Or, être une meilleure personne, c’est très bien, mais c’est par rapport à soi. Moi, je considère être une meilleure personne qu’avant. En revanche, je ne suis pas meilleure que les autres car cela n’a aucun sens.

    Sur la question de ne pas avoir ouvert les yeux mais d’avoir appris par cœur ce qu’il faut dire, je serais plus nuancée. C’est mieux de comprendre. Certes. Mais pour prendre mon exemple personnel, il y a des choses que je ne parviens pas à saisir. J’ai beau me renseigner dessus, intellectuellement, je ne comprends pas. Je suis sans doute, dans ces domaines, aveuglée par mon privilège (dont j’ai pourtant conscience, mais peut-être pas autant que je veux bien le dire). Sauf que, voilà : je sais que c’est un sujet important pour les personnes concernées. Alors, même si j’arrive pas à piger, je me colle aux attentes qui ne les opprimeront pas davantage.

    Et là où cette notion de déconstruction me gêne aussi, c’est qu’elle est terrible linéaire. Comme si on partait d’un point A « préjugés » à un point B « déconstruit-e ». En oubliant, déjà, qu’on a plein de préjugés différents, dans plein de domaines et qu’on n’avance pas toujours à la même vitesse sur tous, parce que certains résistent à notre pensée. Et, surtout, comme si le point B était universel. Comme s’il n’y avait qu’une façon d’envisager les choses en-dehors des préjugés. Et ça, ça me dérange vraiment. J’ai déjà vu des gens avoir des opinions qui allaient à contre-courant de l’opinion militante majoritaire sans s’appuyer pour autant sur les préjugés. Et au lieu de débattre des idées, on leur indiquait qu’iels n’étaient pas assez « déconstruit-e-s ». Comme si, pour être « déconstruit-e » il fallait absolument penser CA et pas autre chose. Et c’est violent, en fait. Et ça empêche aussi d’analyser les autres idées, qu’on ne partage peut-être mais qui peuvent stimuler la réflexion. Et ça empêche de se remettre en question, puisque nous, on est « déconstruit-e », comment pourrait-on se tromper maintenant ? Et comment pourrait-il y avoir plusieurs possibilités ?

    Bref, ça rejoint encore l’idée de s’en prendre aux personnes, et pas aux idées. Ma lutte, mes luttes, c’est contre le système en place. Pas contre les gens qui le composent (d’ailleurs, j’en fais partie). Oui, on a besoin que les gens cessent d’alimenter ce système, mais c’est en parlant des idées, des mécanismes de pensées à l’œuvre, des constructions sociales, des préjugés qu’on pourra y arriver. Quand quelqu’un-e, par exemple, fait une blague sexiste, lui dire « t’es sexiste » n’avance que rarement les choses. On peut expliquer pourquoi ça l’est, dans quoi ça s’inscrit, etc. Et ne pas attendre une remise en question instantanée. Certaines personnes en sont capables, et je les admire. Mais quand on doit remettre en cause ses croyances profondes, sa façon de fonctionner… bah oui, l’égo bloque. C’est assez logique. Mais je crois très très fort qu’il restera quelque chose des explications et qu’elles feront parfois leur petit chemin. (J’ajouterai au passage que cette injonction à se remettre en question de suite, sans bloquer, est un peu psychophobe et/ou neurotypique. Tout le monde n’a pas les capacités de faire ça.)

    Aimé par 2 personnes

  2. Ces idées résonnaient en moi depuis ma découverte des milieux militants (afro)féministes, il y a quatre, cinq ans. Mais je n’avais jamais réussi (ou voulu) aller jusqu’au bout de mes réflexions. Et à présent tout est là, dans ton article. Les raisons de ce sentiment de ne pas être (assez) légitime, de ne pouvoir participer à cause de ce qu’on représente, de son passé. Cette constante impression de paradoxes…

    Puis il y a cette fameuse destruction de l’ego, cette hantise de sa petite personne. Ne pas confondre avoir confiance en soi et avoir de l’ego. Penser à soi, mais pas trop. Comme s’il y avait une échelle, comme si l’ego pouvait être mesuré, quantifié.

    Je m’intéresse, je m’informe, je lis, à propos des différentes luttes, la rage au ventre. Cependant je préfère rester en retrait, discrète, pour mon bien et celui des autres. Peur de souffrir et de faire souffrir. De ne pas être assez forte pour être « jugée » et ne pas juger. De ne pas être assez comme il faut, comme toujours. Je continue à me poser beaucoup de questions par rapport à la manière dont sont menées les différentes luttes. C’est peut-être ça le principal au fond : continuer à s’interroger. En tout cas, merci pour tes écrits qui m’éclairent et m’apaisent.

    Aimé par 1 personne

  3. HS mais osef :

    « Qui avons porté des plumes d’indiens au carnaval de notre école sans se dire une demi-seconde que ce qu’on faisait n’était pas respectueux des cultures – abondamment pillées et détruites par les blancs – des natifs américains. »

    Tu sais, ce n’est pas ta manière de t’habiller au carnaval qui va donner à manger à ceux qui sont parqués dans des réserves (et qui vont en être virés bientôt parce que le sol des dites réserves est riche), ni aider ceux qui sont dans des trafics d’êtres humains à Vancouvert. Ces trucs de social justice warrior féministes américains à deux balles qui ne voient que la partie superficielle du problème pour justement se déculpabiliser de ce que leurs ancêtres ont fait (et que leur gouvernement fait toujours) me font bien rire (et plutôt jaune). Et au passage seuls les Ibériques et les Anglois ont mis le boxon là-bas, tu sais le blanc d’Estonie ou même du Danemark contemporain des massacres il n’a rien fait, ni le membre d’une petite tribu planquée dans le fin fond des montagnes du Caucase.

    Aimé par 1 personne

    1. Bah, après… C’est quand même un premier lieu les premier.es concerné.es qui ont pointé le fait que ça posait problème (en particulier parce que c’est un symbole religieux, sacré, et que bon, les voir portées pour carnaval ou pour le bal de promo, hein… niveau sacré…).

      Mais bon. Ceci étant dit, je dois bien avouer que l’appropriation culturelle, c’est pas forcément (honte sur moi, je sais) le truc auquel je fais le plus gaffe.
      Notamment parce que j’ai honnêtement le sentiment que c’est la préoccupation (légitime, je ne dis pas le contraire) d’une « élite », intellectuelle, culturelle.
      Et que honnêtement, la plupart des personnes racisées s’en contre-battent le nombril.

      Alors disons : quand j’y pense, quand je sais qu’un truc est problématique, je vais pas le faire délibérément, quoi (typiquement, si je dois choisir mon costume pour une fête costumée, ça sera pas des plumes d’indien, quoi).
      Par contre, tout à fait honnêtement : je ne passe pas mon temps à décortiquer tout ce que je fais, achète, écoute, mange, pour ne pas risquer l’appropriation culturelle.
      Si on me fait remarquer que tel ou tel truc est foireux, j’en prends note et j’évite, ouais. Ne serait-ce que par respect pour la personne en face, parce que si je peux éviter de la blesser gratuitement et de manière évitable, hein… C’est pas plus mal.

      Et c’est typiquement un des trucs où je me demande toujours si les « personnes déconstruites avec badge du bon militant » font forcément AUTANT attention que ce qu’iels veulent bien montrer dans les débats et discussions sur le sujet.
      C’est très facile de faire des grandes réflexions théoriques.
      Le mettre en pratique, sachant notamment que beaucoup de trucs de la vie courantes sont quand même joyeusement issus d’un pillage de base des ressources de territoires colonisés (typiquement : le tabac; les pommes de terre; la tomate… qui n’auraient jamais foutu les pieds en Europe si y avait pas eu la colonisation de l’Amérique par les blancs…), c’est déjà nettement moins simple.

      J’aime

Laisser un commentaire