« Journal d’une anorexique boulimique, le combat d’un ange », par Cindy C.

NOTE IMPORTANTE :

Pour une raison obscure, Facebook refuse de partager correctement cet article.
Apparemment, c’est un problème qui arrive régulièrement avec des articles issus de WordPress, parfois Facebook en bloque le partage sans raison apparente. L’autre hypothèse est qu’un filtre particulièrement chatouilleux trouve qu’il y a trop d’occurrences de termes relatifs aux TCA dans cet article…
Du coup, si vous voulez le partager sur Facebook, vous aurez un message qui vous indique que le partage de ce lien n’est pas possible « parce qu’il comprend des contenus qui ont été signalés comme abusifs ».
Toutefois, vous pourrez quand même en partager le lien, mais il n’y aura pas d’aperçu, de vignette qui apparaitra.
Mais n’hésitez pas à le faire tout de même : promis, aucun lien dans cet article ne mène à un site pourri qui va coller 15 virus sur votre ordi !

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Un article un peu particulier…

Pas un de mes habituels coup de gueule, pas un grognement sur la société, pas tellement un truc revendicatif et militant…

Mais un hommage, et un besoin de faire connaitre un livre.

« Journal d’une anorexique boulimique, le combat d’un ange », son auteure n’en a jamais vu la publication.

Son auteure, Cindy, c’est une amie à moi.
Oui, c’est. Même si elle est morte depuis bientôt trois ans, je ne peux pas parler de notre amitié au passé, parce que c’est toujours là, c’est toujours présent, c’est toujours vivant pour moi.

Cindy, connue sur le net, devenue une amie IRL, avec qui j’ai passé des heures au téléphone, des heures à refaire le monde, des heures à s’entraider dans les coups durs.

Cindy. Bien plus que « une anorexique boulimique » pour moi.

Cindy, dont on a regardé la descente aux enfers sans rien arriver à faire pour l’enrayer.
Cindy avec qui ont avait prévu de manger une fondue au fromage « le jour où elle serait sortie de ses TCA ».
Cindy qui s’est donnée la mort le 19 octobre 2012 un peu avant 19h, laissant un cratère dans la vie des personnes qui l’aiment.

Après sa mort, ses parents se sont retrouvés face à une foule de « pourquoi » ?
Au travers de leurs échanges avec ses amis, ils ont appris l’existence des blogs tenus par Cindy. De ses textes sur des forums, aussi.
Ils ont aussi retrouvé, dans les affaires de Cindy, des bouts de cahiers, de journaux intimes, et l’ébauche d’un roman largement autobiographique qu’elle avait commencé à écrire et jamais pu terminer.

Ses textes, ses parents ont décidé de les sortir de l’anonymat d’internet, pour en faire un livre.
Pour que le message de Cindy soit entendu.
Pour que ses coups de gueule contre la psychiatrie déshumanisée et déshumanisante ne restent pas sans écho.

Cindy voulait aider. Faire bouger les choses.
Elle était étudiante en psycho, et voulait en faire son métier.
Cindy, au quotidien, elle était toujours là pour les autres, de son mieux, laissant ses propres difficultés de coté pour écouter et soutenir les personnes autour d’elle qui en avaient besoin.

Si ce livre peut aider ne serait-ce qu’une personne, ne serait-ce qu’une famille, ou, pourquoi pas, ne serait-ce qu’un professionnel à mieux comprendre… Alors un bout de ce que Cindy voulait faire de sa vie sera réalisé au travers de ce livre.

« Il y a des âmes errantes dans les couloirs, des espoirs cachés au creux des sillons tracés par les larmes. On a oublié nos identités au profit de matricule, un numéro personnifié. Les craquements des pas retentissent dans les couloirs déserts, refuge des perditions de corps inanimés. Mon corps a subi les affres de mes désastres, la bouffe a eu ma raison et ma gueule s’est refermée d’un coup de mâchoire fatal sur la vie. […]
Je garde cette immense rage contre le cortège médical qui pensait stupidement qu’en endormant les symptômes sous une panoplie de médicaments le problème serait réglé !
Je garde cette rage contre moi-même pour avoir eu la stupidité de tomber dans cette merde et de m’évertuer à continuer ! »

Cindy C. – « Journal d’une anorexique boulimique, le combat d’un ange »

Pour commander le livre sur le site des éditions L’Harmattan : c’est ici
Si vous avez envie d’aider à faire connaitre ce livre, vous pouvez faire tourner cet article, ou partager la page facebook que nous avons créé dans ce but.

Merci pour elle. Et merci pour ses parents.

Tu me manques, Cindy.

(et merci à Casdenor – http://casdenor.fr/index.php d’avoir réécrit cet article sur son blog, pour m’aider à le partager plus facilement sur FB malgré le filtre à la *#/`^@ qui décrète que mon article comprend des contenus inadéquats)

Lau’ : diminutif d’une non binarité

Petit stress au moment d’écrire cet article, parce que je sais que des personnes de mon entourage, absolument rien à voir avec le « milieu militant » suivent ce blog.
Et que cet article va donc, pour eux, avoir des petits airs de coming out.

Lau’.
Depuis que je traine sur internet, ce diminutif me colle aux basques.
Je ne sais même plus si c’est moi qui l’ai initié, ou si c’est quelqu’un qui me l’a attribué.
J’ai toujours aimé ce diminutif.

Lau’. Impossible à trancher, en lisant ce diminutif : Laurence, ou Laurent ?

Et cette impossibilité de trancher au premier coup d’oeil entre le féminin et le masculin, elle fait écho à ce que je trimballe en moi depuis toujours.

Je me souviens. J’avais une douzaine d’année, j’étais en train d’acheter des fringues avec ma mère. A l’époque, hors de question de me faire porter une jupe, une robe ou whatever : je me sentais déguisée, berk !

Donc, je trainais comme d’hab’ au rayon mec, essayant une de mes habituelles chemises à carreaux. Ma mère trouve une chemise, me la montre.

– « Non, pas celle là, elle fait fille ».
– « Euh, Laurence, tu ES une fille ».
– « … »

Avec le temps, j’ai aussi apprivoisé ma féminité. Je ne me sens plus déguisée en jupe ou en robe. Mais je ne me sens définitivement pas déguisée non plus en chemise à carreaux.

D’aussi loin que je me souvienne, même avant cette histoire de chemise, il y a toujours eu ce « truc là », en moi. Petite, on me prenait constamment pour un garçon, et ça ne m’a jamais dérangée.

Mon père en était ravi, d’ailleurs : il voulait désespérément un fils (il avait eu deux filles d’un premier mariage avant ma naissance, il espérait que je serai un mec, la légende raconte qu’il a passablement tiré la gueule à ma naissance en découvrant que j’avais un vagin et pas un pénis).
Il m’a toujours élevée « comme un mec ». Fait partager ses loisirs « de mec ». Défendu face à ma mère quand elle voulait me faire m’habiller « en fille » et que je n’en avais aucune envie. Transmis le droit à me faire entendre, à gueuler, à ne pas me soumettre, à me battre : « Si on t’emmerde, cogne. Personne n’a le droit de te faire du mal ».
Assez loin des stéréotypes d’une éducation « féminine », donc.

Gamine, « Lady Oscar » était mon personnage de dessin animé préféré. Gare à la personne qui tentait de me faire rater un épisode. Cette personne née fille et élevée comme un mec, elle m’était curieusement familière, et incroyablement sympathique.

A l’heure actuelle, mon look peut aller de « féminin » à « très masculin », voire être un combo des deux (à l’instant où j’écris, je porte une jupe et un t-shirt de mec, le tout avec des chaussures de mec – mais ça c’est pas forcément un choix, je chausse du 45, enjoy pour trouver des chaussures « féminines », même mon corps a décidé de jouer le jeu de ma non-binarité). Carrée d’épaule, ça arrive régulièrement qu’on me genre au masculin : « Bonjour Monsieur ». Ca me fait plaisir. Tout comme ça me fait plaisir quand on me genre au féminin. Les deux sont vrais. Les deux font appel à quelque chose qui existe en moi.

Avant de mettre les pieds dans le « milieu militant », je n’avais aucune fichtre idée du fait que le terme « non-binarité » existait. Je n’avais même aucune fichtre idée du fait que je n’étais pas la seule personne avec ce rapport là avec mon genre.

Je n’en ai jamais vraiment eu honte, mais je n’en ai jamais vraiment parlé non plus : la flemme d’expliquer, de tenter de définir ce que je ressentais, qui était très clair pour moi, mais très compliqué à traduire avec des mots.

Et puis deux ami.es ont fait leur coming out en tant que personnes trans*, ça m’a amenée à mettre le nez dans tout ce schmilblik autour des questions de genre.
Et puis j’ai mis les pieds sur un premier groupe féministe sur Facebook, et pour la première fois j’ai entendu le terme « non-binaire », et, sans dire que ça a été une illumination dans ma vie, mais ça a été un « Oh, c’était donc ça… »

(Vous pouvez remarquer que je me genre au féminin quand j’écris. Si un neutre existait « réellement » dans la langue française, je veux dire, aussi en dehors des milieux militants, j’utiliserais le neutre.
Mais je suis consciente que, à l’heure actuelle, « Iel » et toutes ses variations ne sont utilisés que dans le milieu militant, et que demander, j’sais pas, par exemple à mon employeur et mes collègues de travail d’utiliser ce neutre me vaudrait de passer pour une parfaite illuminée.
Et je n’ai pas envie d’avoir une « double manière d’écrire et de parler », selon que je sois dans le milieu militant ou avec des personnes non averties. Donc je me genre au féminin.
Par contre, je suis carrément à l’aise avec le fait qu’on me genre au féminin, au masculin ou au neutre. Les trois font écho avec des choses qui existent en moi, donc les trois me vont).

On m’a demandé une fois si je pensais que l’éducation « masculine » de mon père, et l’éducation « féminine » de ma mère, étaient à l’origine de ce « double genre ».
Honnêtement, je n’en ai aucune idée. Est-ce que ça a toujours été en moi, ou est-ce que cette attente de mon père d’avoir un fils a eu un rôle là dedans ? Honnêtement je m’en fous. Totalement.
Et la question me parait même un peu étrange :
Est-ce qu’on demande à une personne qui se sent pleinement en accord avec son genre assigné si elle pense que l’éducation de ses parents est la cause du fait qu’elle se sente en accord ?
Non hein ?
Alors pourquoi me le demander à moi, tiens ?

Le militantisme internet, c’est pas pour de vrai ? Ah bon ?

4h du matin me semblant une heure tout à fait adéquate pour commencer à écrire un nouvel article, j’ai envie de partager avec vous ma cogitation du moment.

On entend souvent « des militant.es des vrai.es des vieux/vieilles de la vieille » ricaner du « militantisme internet », et tourner doucement en dérision le « militantisme internet ».

Pour pas mal de monde, ce qu’on fait quand on milite sur internet, dans des groupes de discussion sur Facebook, sur Twitter, sur des blogs tels que celui ci, ça n’est « pas pour de vrai ».

Comme si Internet était un sorte de bulle de non-réalité, déconnectée de « la vraie vie ».

Sortons un instant du militantisme, et regardons un autre usage d’internet : l’usage professionnel.

Viendrait-il à l’idée de ces même personnes, si leur chef.fe leur transmet une consigne par mail, si un.e client.e leur envoie une commande par un formulaire sur internet, de considérer que « ça n’est pas pour de vrai, parce que c’est sur Internet » ?
J’en doute un peu. Beaucoup. (Passionnément. A la folie. Hum… Non, faites pas gaffe, c’est 4h du matin…)

Non, sérieusement :

Internet fait partie intégrante du monde actuel. On l’utilise pour le boulot, pour les études, pour faire nos courses, pour payer nos factures, pour organiser nos vacances.
Mais s’agissant de militer, « Internet c’est pas pour de vrai » ?

Pourquoi ?

Militer, est-ce que ça se limite à défiler dans la rue avec une banderole ?

Internet est un outil précieux de transmission et d’analyse de l’information. D’ailleurs, les médias mainstream l’ont bien compris, et une bonne partie de l’information ne se lit plus sur papier, mais sur l’écran d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un smartphone.

Si on applique la logique de « ça n’est pas pour de vrai », on doit donc en déduire que seul un journal papier est un vrai journal ?
Pas mal de journalistes seront « ravis » de l’apprendre, n’est ce pas ?

Outre le fait que, dans notre monde actuel, ça me parait un parfait non-sens vu l’importance d’internet de ne pas voir le militantisme sur la toile comme « vrai », il y a un autre truc qui me fait grincer des dents dans ce regard là :

Il est VRAIMENT excluant pour les personnes qui n’ont pas la possibilité de sortir dans la rue et de porter une banderole.
Parce que ça n’est pas aussi facile pour tout le monde de pouvoir le faire.

Si on habite dans un petit patelin où pas grand chose ne se passe, c’est plus compliqué que pour quelqu’un qui habite dans une grande ville.
Si on a un problème d’anxiété sociale ou d’agoraphobie (ou toute autre difficulté psy rendant compliquée la confrontation avec une foule), c’est plus compliqué que si on est en bonne santé psychique.
Si on est physiquement handicapé ou malade, c’est plus compliqué que si on est valide et en bonne santé.
Si on est fauché, c’est plus compliqué que si on a la thune de faire le déplacement pour aller à x ou y manif’.
Si on est en situation illégale et qu’un contrôle d’identité peut nous foutre gravement dans la merde, c’est plus compliqué que si on est en règle vis à vis des forces de l’ordre.
Si… Tout plein de choses.

Ainsi donc, il faudrait comprendre que toutes ces personnes, qui n’ont pas la possibilité de facilement descendre dans la rue, ne peuvent pas être des militant.es engagé.es à part entière, vu que « sur internet c’est pas pour de vrai » ?

Est-ce que c’est vraiment ce message-là qu’on veut faire passer, alors qu’on veut lutter pour « un monde meilleur » ?

[Traduction] 31 secrets de personnes vivant avec des troubles anxieux

(Note : je maitrise plutôt correctement l’anglais, mais je ne suis ni bilingue ni traductrice professionnelle. Donc il est possible que je laisse passer des fautes de traduction, si vous en repérez n’hésitez pas à me les signaler en commentaire, je ferai les modifications nécessaires)

Ayant personnellement connu les « joies » des crises d’angoisse, ce sujet me tient à coeur. Il est souvent difficile de faire comprendre à une personne qui n’a jamais vécu une crise d’angoisse ce qu’on peut ressentir à ce moment là, et qu’on ne peut pas « simplement » se calmer sur commande, en claquant des doigts.

Cet article est un recueil de 31 phrases que des personnes vivant avec des troubles anxieux ont envie de partager, de faire entendre, pour combattre la stigmatisation autour de ces troubles invisibles et souvent mal compris et minimisés.

Traduction de l’article « 31 Secrets of People Who Live With Anxiety ». Le site « The Mighty » est un site anglophone regroupant des articles au sujet du handicap (physique, mental et psychique), ainsi que de la santé mentale.

Les troubles anxieux sont la forme la plus répandue de maladie psychique aux États-Unis, d’après l’Association Américaine des Troubles Anxieux et de la Dépression. Cette maladie affecte 40 millions de personnes aux États-Unis. Cela représente 18% de la population des États-Unis.

Malgré cela, les personnes affectées par les troubles anxieux vivent encore avec une stigmatisation qui est souvent liée aux maladies invisibles. Nous avons donc demandé à nos lecteurs.trices vivant avec des troubles anxieux ce qu’ils voudraient que le monde puisse comprendre à ce sujet. Voilà ce qu’ils ont à dire.

1. « Je réalise que les choses qui m’angoissent sont ridicules. Malgré ça, je ne peux pas simplement arrêter. » – Erika Strojny Myers

2. « Je peux donner l’impression de ne rien faire, mais dans ma tête, je suis très occupée. » – Diane Kim

3. « Je ne sais pas toujours pourquoi je suis angoissée. » – Teri-Marie Harrison

4. « C’est paralysant. » – Marlene Pickering

5. « Je ne deviens pas simplement « nerveux ». Bon dieu, la moitié du temps, je ne suis même pas nerveux quand j’ai une crise de panique. Parfois, je ne peux identifier aucune raison à la crise de panique. Quand je suis anxieux et nerveux, je reconnais qu’une partie de tout ça est irrationnelle, mais je ne peux pas juste m’en débarrasser comme ça. Mon esprit et mon corps ne coopèrent pas avec ma raison. » – Alex Wickham

6. « Je ne suis pas ridicule ou théâtrale » – Melissa Kapuszcak

7. « On n’a pas besoin qu’on nous regarde comme si nous étions fous. On a besoin que quelqu’un soit compatissant. » – Kristen Cunningham

8. « Je ne veux pas me sentir comme ça. » – Jenny Genoway

9. « Après une journée chargée, surtout après avoir été dans la foule ou avoir eu affaire directement à beaucoup de monde, j’ai une « gueule de bois des gens » le lendemain. J’ai besoin de moments de solitude pour récupérer toute l’énergie dépensée. Je dois me reposer et remettre mon esprit à zéro. Si je ne le fais pas, je suis épuisée, submergée et irritable. » – Lisa Shuey

10. « Il est tout à fait possible de souffrir d’anxiété sociale et d’être une personne extravertie. » – May Daonna

11. « On ne peux pas juste arrêter de s’inquiéter. Il n’y a pas de bouton on/off. » – Kim Derrick-Bené

12. « Même si on a l’air d’aller bien en apparence, notre anxiété fait des ravages à l’intérieur ». – Cynthia Adams McGrath

13. « Je suis attaquée par quelque chose à quoi je ne peux pas échapper. » – Sherri Paricio Bornhoft

14. « Peu importe à quel point ça peut avoir l’air irrationnel, c’est vrai pour moi. » – Lorri Smith

15. « Dire « ça va aller » n’aide pas. » – Thea Baker

16. « Ca n’est pas un choix. Tu ne choisis pas l’anxiété, c’est l’anxiété qui te choisit. » – Patricia Lynn

17. « C’est parfois tellement épuisant et ça empêche tellement de se concentrer que je peux oublier des choses ou ne pas être productive. Mais ça n’est pas que je ne réfléchis pas, que je suis paresseuse, ou que je me cherche des excuses. » – Anna Powers

18. « C’est la réalité. Je ne surréagis pas. » – Kimberly Warren

19. « Les troubles anxieux sont une maladie. On ne peut pas juste guérir en claquant des doigts d’une maladie psychique. » – Heather Morello

20. « Les troubles anxieux et l’inquiétude, ça n’est pas la même chose. » – Amy Hrynyk

21. « La prière ne fait pas disparaitre ça. » – Kayla Gosse

22. « Le fait que je n’arrive pas à expliquer les sentiments qui causent mon anxiété ne les rend pas moins valides. » – Lauren Elizabeth

23. « Je ne suis pas folle. » – Peggy Hess

24. « Toute la logique du monde ne pourra pas empêcher mon coeur de tambouriner dans ma poitrine. » – Rebecca V Cowcill

25. « Même la tâche la plus simple peut parfois me submerger. » – Rhonda Bodfield

26. « C’est incontrôlable. » – Asia Pope

27. « Le fait que tu ne les comprennes pas ne rend pas mes peurs moins réelles. » – Vicki Happ

28. « C’est comme si tout le poids du monde était sur tes épaules. Tu te sens étouffé. » – Danielle Nicole Box

29. « Je ne fais pas ça pour avoir de l’attention. » – Georgia Tsaganis Johnson

30. « La plus petite chose peut me faire partir en vrille. Plus je me sens piégée, plus je me sens mal. Avoir de l’espace autour de moi me fait toujours me sentir mieux. » – Manda Ree

31. « Mon esprit est mon ennemi, donc j’ai besoin de toi à mes côtés. Parfois, j’ai même besoin que tu te battes à mes côtés. » – Erin Farmer-Perrine

Un site utile sur l’IVG à partager et linker en masse : http://www.sante.gouv.fr/ivg

Un article « purement utilitaire », cette fois, parce que je ne suis pas directement concernée là tout de suite, que ça n’est donc pas un coup de gueule écrit avec mes tripes et ma hargne immédiate, mais quand même :

En France, les anti-IVG (appelés des fois « pro-vie », terme un peu foireux parce que ça parait vachement positif, dit comme ça, d’être « pro-vie », mais que en fait, c’est surtout « anti-choix » comme démarche…) ont une foule de sites internet qui paraissent officiels, qui ont l’air de sites d’information neutres et objectifs sur l’IVG, mais qui en fait, quand on y regarde de plus près, sont juste là pour tenter de dissuader les personnes qui tombent sur leur site d’avoir recours à l’IVG.

On y lit une foule de témoignages de personnes « ayant très mal vécu leur avortement » (on peut raisonnablement supposer qu’une partie au moins de ces témoignages sont fabriqués de toutes pièces, hein, vu que ça ne semble pas être l’honnêteté intellectuelle qui étouffe les personnes à l’origine de ces sites…), une autre foule de témoignages de personnes qui sont « très heureuses qu’on les ait aidé à ne pas avorter ».

Et évidemment aucun témoignage positif sur l’avortement, s’agirait pas de semer le doute dans les esprits, hein ! LA VIE A TOUT PRIX, voyons !

BREEEF !

Je ne vais pas m’étendre sur « tout le bien » que je pense de ces sites et des personnes et groupes qui en sont à l’origine, c’est inutile.

Par contre (outre le fait de décourager des personnes d’avoir recours à l’avortement), il y a un autre but, peut-être plus fourbe encore, dans la prolifération de ces sites « anti-choix » : il s’agit d’enterrer le référencement d’un site REELLEMENT INFORMATIF, réellement pro-choix, lancé par le gouvernement français.

Ce qui fait que quand on google « information ivg France », on se retrouve avec un fatras de sites, celui du gouvernement OK, mais aussi les fameux sites anti-choix.

Une action toute simple pour contrer leur démarche crado, qui prend grosso merdo deux minutes si on a la flemme de pondre un gros pavé explicatif et qu’on se contente d’un lien et d’une brève explication, pour améliorer le référencement du site REELLEMENT PRO-CHOIX du gouvernement :

Si vous avez un blog, créer un article pour partager ce lien :
http://www.sante.gouv.fr/ivg

Plus souvent le lien est partagé, plus les moteurs de recherche le référencent efficacement, et plus ça enterre le référencement des sites crados-faux-derche-anti-choix.

Voilà. Pour moi, c’est fait.

Si l’idée vous parle, ben… A votre tour, donc !

A quand une manif’ pour défendre les victimes de la grossophobie ?

Vous avez surement tous-tes entendu parler de la sombre histoire de bikini à Reims, qui a déchainé les réactions islamophobes ces derniers jours ?

Pour les éventuelles personnes sortant d’une retraite spirituelle dans une grotte loin d’internet et des médias ces derniers jours, petit résumé des faits.

Le mercredi 15 juillet, une altercation incluant un échange de coups éclate dans un parc à Reims. Une jeune femme bronzant en bikini se fait taper dessus par un groupe de 5 autres jeunes femmes, et se retrouve avec 4 jours d’ITT suite à cette agression.

Les interprétations s’emballent, les personnes qui ont cogné sont de confession musulmane et la conclusion à laquelle arrivent rapidement les médias, c’est qu’elles ont agressé une jeune femme bronzant en bikini parce que « c’est contraire à la morale de s’exhiber ».

Twitter s’emballe sous le hashtag #jeportemonmaillotauparcleo, SOS Racisme fonce dans le tas en appelant à une manifestation « Pour dire oui à la liberté », les politicard FN se frottent les mains et s’indignent de plus belle.

Suite de l’histoire : d’après les premières conclusion de l’enquête, il semblerait que « l’agresseuse » ait en fait été victime d’une remarque grossophobe (« Avec ton physique, je comprends que tu n’oses pas te montrer », truc du genre), ait répliqué par une baffe, et que la bagarre se soit envenimée. Rien à voir, donc, avec une histoire de morale ou de religion. (source)

Outre le fait que ça soit sérieusement merdique de voir une pareille récupération raciste d’un pauvre fait divers qui méritait à peine trois lignes d’entrefilet dans un canard local (sans dire que ça n’est pas grave, hein, mais sérieusement… des bagarres entre ados, c’est pas pour dire, mais il y en a tous les jours, et ça passionne assez rarement toute une nation…), la Grosse que je suis grogne derrière son ordi.

Entendons nous, je n’ai pas la prétention de savoir à coup sûr le fin mot de cette histoire : je ne suis toujours pas flic, je ne suis pas juge non plus, je ne fais que lire, comme tout le monde, les articles qui me sont passés sous la main sur le sujet.

Entendons nous aussi, je ne vais pas dire que la victime d’insultes grossophobe a eu l’idée de l’année en rétorquant à coup de baffes. Je ne pense pas que ça soit la réponse la plus adéquate ever, hein.

Mais par contre… Maintenant que la première interprétation, raciste à souhait, de cet incident semble compromise… Où est passée la belle mobilisation « Pour dire oui à la liberté », dites-moi ?

S’il est avéré que effectivement, c’est la grossophobie qui est le noeud de cette histoire… Est-ce qu’il va y avoir un hashtag #jeportemongrastranquille, ou un truc du genre ? Est-ce qu’il va y avoir des associations qui vont appeler à manifester pour affirmer le droit à être gros tranquille sans se faire emmerder de partout ?

Maintenant qu’il ne s’agit plus de cracher sur l’islam, mais de défendre le droit des gens à avoir le poids qu’ils ont sans se faire emmerder, est-ce qu’il va se passer un truc grandiose qui va enflammer toute la presse d’un pays ?

En fait, non, il ne se passera rien.
Il ne se passera rien, parce que insulter les gros, c’est pas grave, c’est pas « une atteinte à la liberté », c’est pas vendeur, c’est pas un sujet à la mode.
Alors on peut, tranquilou, continuer de dire à une nana en « surpoids » que « avec ton physique, je comprends que tu n’oses pas te montrer », et à trouver des interprétations racistes à sa réaction énervée.

Ben non, quoi, la grossophobie ça n’existe pas, même le correcteur orthographique de mon ordinateur me le dit, en soulignant « grossophobie » d’une petite vague rouge.

Youhou, n’est-il pas merveilleux, notre monde ?

Vous voulez un petit bonus ?
Juste un petit, des fois que vous ayez envie de vous énerver un peu plus :
Face à l’information comme quoi l’agression était, en fait, grossophobe et pas une sombre histoire de morale et de religion… Les réactions volent haut. « Ca n’est pas crédible son histoire, elle aurait dû en inventer une plus crédible ».
Pas.Crédible.
Evidemment : la grossophobie n’existe pas, alors comment pourrait-elle être à l’origine d’une agression ?

J’vais vous dire… Un peu plus jeune que cette nana, j’ai fait un coquard à un camarade de classe. Pour une remarque du même genre. J’ai enlevé ma chaussure, et je la lui ai balancé dans la gueule. Self Control fail.

Ca aussi, ça n’est pas crédible ? Vous voulez qu’on lui demande ? Je pense qu’il s’en souvient…

(Ah. Juste une chose. Je suis largement aussi choquée par la récupération raciste que par l’insulte grossophobe, hein. Loin de moi l’idée de vouloir faire passer au 2ème plan toute la bouse islamophobe qui a été faite autour de cette histoire pour « défendre mon bout de gras » (!) de lutte contre la grossophobie.
L’islamophobie galopante, même n’étant pas concernée, me fout sérieusement la gerbe. Mais je ne suis clairement pas la mieux placée pour en parler, d’autres le font vachement mieux que moi parce que ça les touche directement.)

Je suis une « tiède », et peut-être bien un peu fière de l’être

Un jour, une personne dans un groupe militant sur Facebook m’a qualifiée de « tiède ».
Comme si cette insulte thermique était L’Insulte Suprême.
La Compromission Ultime.
Le Pactisage avec l’Ennemi caractérisé.

Donc je suis « tiède ».

Dans la bouche Sur le clavier de la personne qui me l’a dit, c’était voué à tirer un trait sur la validité de mes arguments.

C’était il y a un an à peu près, la bébé-militante que j’étais a été passablement blessée dans son ego de militante par ce qualificatif.
Je n’avais pas encore pigé grand chose au milieu militant, mais assez pour comprendre qu’être accusée de tiédeur, c’était l’équivalent militant de se faire traiter de collabo.
Not good, donc.

Avec le temps, j’ai pris du recul, et en fait, j’assume ma tiédeur radicale, compulsive, obsessionnelle.

Parce que j’ai compris que toute personne cherchant le dialogue avec « l’ennemi », la compréhension globale, cherchant à convaincre plutôt qu’à matraquer verbalement l’oppresseur était « une tiède ».

Voyez vous, je n’y crois pas, au changement qui ne passe QUE par la colère.
Je ne crois pas au changement où l’oppresseur n’est pas un minimum amené à comprendre ce qui merde dans le système.
Je ne crois pas à l’Oppresseur qui est le Salaud et l’Opprimé qui est la Blanche Colombe.
Je ne crois pas au fait que gueuler sa colère, son raz-le-bol, soit l’unique porte d’entrée vers un monde meilleur.

Eh, je t’ai vu, toi, là dans le fond.
J’t’ai entendu penser « Elle vit dans le monde des bisounours, celle là ».

bisounours

Nope.
Nope nope nope.

Libre à vous de me croire ou pas, mais mon monde n’est pas rose et uniquement peuplé de petits poneys magiques, d’arcs en ciels, de chatons et de petits cœurs.
Bon, y en a aussi un peu, hein, je ne vais pas noircir le tableau, mais dans mon monde, et dans ma vie, y a aussi pas mal de trucs qui piquent, qui grincent, qui gueulent, qui cognent, qui discriminent, qui écrasent.

Et quoi ?

En colère contre tout ça ? Je le suis. Constamment.
Je suis en colère contre la culture du viol et contre la psychophobie qui ont fini par unir leurs forces pour amener trois amies proches à se foutre en l’air (j’aurais pu dire « se suicider », c’est plus poli, mais merde, le suicide c’est pas glamour, les larmes, la rage, le vide, l’absence, c’est pas poli).
Je suis en colère de devoir constamment me battre pour qu’on me foute la paix sur mon poids, pour faire taire les enfoirés dans le bus, dans la rue, chez le médecin, dans l’ascenseur de mon immeuble, dans ma famille.
Je suis en colère d’avoir à faire un acte politique assumé à chaque fois que je rentre le soir après 22h (et d’ailleurs, c’est une vaste blague de dire « après 22h », parce que les mecs qui considèrent que la rue est à eux, et que la nana que je suis est un morceau de steak sur l’étalage de boucher géant qu’est la rue, c’est à 7h du mat’, à 14h ou à 18h aussi. Pas seulement « après 22h »).
Je suis en colère de me faire engueuler périodiquement dans les chiottes des femmes, parce que je ne suis pas assez conforme aux stéréotypes féminins, que donc on me prend pour un mec, et que donc, même aller pisser devient une sorte d’affirmation de mon droit à me fringuer comme bon me semble, à avoir le rapport que bon me semble avec mon genre, tout ça.
Je suis en colère de savoir, même si j’ai pour le moment toujours échappé aux violences physiques homophobes, que je peux éventuellement me faire casser la gueule dans la rue pour avoir tenu la main à la personne que j’aime, parce que j’ai l’audace de ne pas être hétéro.
Je suis en colère de tout ça, et de plein d’autres trucs.
Cette colère, y a des moments où j’ai besoin de la gueuler. OUAIS. Evidemment que ouais.

Mais pas toujours. Pas tout le temps.
Et à plus forte raison : je ne pense pas que tout ne peut passer que par ça.

Le mouvement militant, ouais, pour moi, c’est autre chose que juste une vaste thérapie par le cri primal.
Quand j’ai besoin de gueuler un grand coup, je vais gueuler dans la forêt, personnellement, j’emmerde éventuellement deux trois écureuils passant par là (désolée pour eux, sincèrement !).
Des fois, aussi, je me fous en rogne dans les commentaires d’une page grossophobe sur Facebook. Vous savez, une de ces pages qui propose de tuer les gros porcs d’obèses que nous sommes.
Ouais là je me lâche, un peu.

Par contre, souvent, aussi, j’essaie de dialoguer. De comprendre, de faire comprendre, d’éduquer, de faire réfléchir.
D’amener « les oppresseurs » à réaliser ce qu’ils sont en train de faire.
Parce que souvent, c’est pas des infectes salauds. Parce que souvent, c’est tout comme moi des être humains placés dans un système, entrainés, embarqués dans des mécanismes qu’ils ne voient pas forcément.

Ca prend plus de temps de faire réfléchir quelqu’un que de le traiter de salaud.
Ca prend plus de temps d’expliquer la grossophobie à quelqu’un qui n’a jamais entendu le mot « grossophobie », de décortiquer les mécanismes, de les rendre visibles, que de juste dire « tu es grossophobe !!! »
Souvent, ça ne marche pas.
Souvent, je passe pour une douce illuminée.

Mais des fois ça marche. Des fois des gens disent « Ah ouais, je n’avais jamais vu ça comme ca, je n’avais jamais réfléchi à ça comme ça ».

Et dans ces moments là, ouais, ma tiédeur, j’en suis plutôt fière. Parce qu’une personne convaincue, c’est une personne qui va à son tour convaincre. Passe le message à ton voisin.

Entendons nous, je ne crache pas sur la colère. Je ne crache pas sur les gens qui pour x ou y raison n’arrivent pas à être pédagogue. Je ne crache pas sur les coups de gueule. (Genre, vous avez vu le titre de mon blog, hum ?)

Par contre, je crache sur le culte du Coup de Gueule érigé en Manière Unique de militer, en Saint Graal du Mouvement Militant, en dogme, presque en religion.
Il est où, le droit à l’auto-détermination et au respect qu’on revendique (à juste titre !), quand on se permet de se cracher dans la gueule parce qu’on ne milite pas tous-tes pareil ?

Je crois à la complémentarité des manières de militer, je crois en la diversité des militant-es, je crois en la diversité tout court, d’ailleurs.

Et je crois en ma tiédeur, ouais. Si vous tenez à appeler ça comme ça.

Y a quelques temps, j’ai pris l’avion, et j’avais peur. Pas du crash, mais de la ceinture.

Y a à peu près un an, je suis partie à Prague avec des amis.
Une semaine de vacances vachement chouette, donc je me réjouissais depuis vachement longtemps, et que j’ai savourée comme il se doit.

Mais avant de partir, j’avais peur.

J’avais peur de l’avion.

Mais pas de la même manière que beaucoup de monde.
Je n’avais pas peur du décollage, des trous d’air, voire même de l’hypothétique crash.

J’avais peur de devoir accrocher ma ceinture, et de m’apercevoir qu’elle était trop courte pour moi.

J’avais peur qu’on me dise que j’étais trop grosse pour le siège, et qu’il fallait que j’en paie un 2ème.

J’avais peur qu’on me fasse des remarques de merde.

J’avais peur de rester clouée au sol de l’aéroport de Genève pendant que mes amis m’attendaient à Prague.

Alors on me dira peut-être : « Mais Laurence, tu es trop flippée ».

Non. Je ne suis pas trop flippée, je suis réaliste. J’ai lu tous ces témoignages de personnes pas bien plus grosses que moi qui ont vécu ces humiliations là.

La nuit avant le voyage, pendant que j’angoissais et insomniais allègrement, j’ai cherché, fièvreusement googlé le modèle d’avion que j’allais prendre, la compagnie, tout ça, pour tenter de trouver des témoignages qui pourraient me rassurer.
Je n’en ai pas trouvé, je suis partie à l’aéroport la boule au bide.

Tout s’est bien passé, ‘fin la ceinture me serrait comme pas permis, j’ai passé mon vol avec le bide rentré, j’avais une grosse marque rouge à l’arrivée, mais on m’a épargné l’humiliation d’avoir à demander une rallonge pour la ceinture à un personnel de cabine moqueur qu’on vécu certaines personnes que je connais. On m’a épargné l’humiliation du double siège à payer. On m’a même épargné les voisin/es de siège grossophobes et les remarques de merde.
Alors avoir eu la ceinture qui me rentrait dans le bide sans autre problème, je m’estime heureuse.

MAIS WAIT ?

Je suis en train de dire que je suis contente d’avoir au mal au bide pendant tout le vol ? Je suis vraiment en train de dire ça ?

On en est vraiment là, les gens ? Devoir s’estimer heureux ou heureuse d’avoir mal, mais de ne pas être humilié/e ?

Oui, on en est à ça, et y a comme un gros problème, un problème largement plus gros que la taille de mon bide, tiens !

La grossophobie, c’est aussi ça. Devoir s’estimer heureux ou heureuse quand les choses se passent « raisonnablement mal ». Pas catastrophiquement mal, mais juste raisonnablement mal.

Devoir trouver l’inconfort presque agréable, parce que c’est mieux que l’humiliation.

Ça couterait quoi, au juste, d’avoir des ceintures plus longues ? Ca serait vraiment une dépense non envisageable pour les compagnies aériennes, de rajouter des centimètres de tissu, d’office, aux ceintures (qui sont de toutes manières réglables, donc ça ne nuirait en rien ni au confort ni à la sécurité des passagers/passagères plus minces) ?
Ça ne serait vraiment pas envisageable de former le personnel de cabines sur le sujet, pour qu’il puisse proposer d’office des rallonges aux personnes obèses, avec un peu de tact, pour que ça soit juste vu comme un banal service proposé aux passagers/passagères, et pas comme un moment humiliant où on va demander une « faveur » en risquant de tomber sur une personne grossophobe qui va nous rire au nez ?
Si des fois il faut envisager un double siège, ça ne serait pas possible de le faire avec tact, au moins ? Sans toutes les humiliations que j’ai pu lire et qui me font froid dans le dos ?

Je rêve du jour où ce genre de témoignages ne seront plus qu’un mauvais souvenir :
Témoignage d’un homme publiquement humilié dans un avion
Témoignage d’une femme refusée d’embarquement sur un vol, sans remboursement of course

Mais pour ça, ça serait déjà bien que le monde veuille bien admettre que la grossophobie existe, qu’elle fait des dégâts au même titre que d’autres formes de discrimination.

Et ça, c’est pas encore gagné.

Pourquoi le Partenariat Enregistré, dit « PACS Suisse », peut-il être dangereux ?

Un article un peu « suisso-suisse », désolée pour les autres qui risquent de trouver ça moyennement intéressant.

Donc. Je suis Suissesse. Et je ne suis pas hétéro.

Deux relativement bonnes raisons pour moi de m’intéresser au partenariat enregistré, qui permet aux couples homosexuels en Suisse d’officialiser leur union.

Accepté en 2005 et entré en vigueur pratiquement en 2007, ce sujet m’a toujours intéressée (l’impact dans les médias des débats au sujet du projet de partenariat enregistré a d’ailleurs été le sujet d’un dossier à rendre pour un examen de politique sociale quand j’étais en formation d’éducatrice, en 2001. Ce qui m’avait au passage, on s’en doute, permis de rager sur l’homophobie latente de beaucoup de médias, ainsi que pas mal de « simples quidams » via les « courriers des lecteurs »).

A un moment donné de mon parcours, j’ai eu l’occasion de m’interroger sur le sujet : me « partenariat enregistrer » or not me « partenariat enregistrer ».

Si les circonstances (euh, une rupture, quoi !) ont finit de trancher la question de manière assez drastique, il y a un truc qui dans ma tête faisait pencher la balance en direction du non, pas envie :

Ce truc, c’est de l’outing forcé caractérisé.

Pourquoi ?

Parce qu’il n’est ouvert qu’aux couples homosexuels.

Petite mise en situation.

Vous êtes à un entretien d’embauche. L’entretien se passe plutôt bien, et on en arrive aux questions d’usage sur l’état civil, la situation familiale.

Et là, on arrive au moment fatidique où, dans une société où l’homophobie est encore bien présente, vous allez vous retrouver avec un grand panneau « HOMOSEXUEL », brillant de mille feux, accroché au dessus de votre tête :

« Je suis en partenariat enregistré ».

Si votre éventuel futur patron/ne est un tant soit peu homophobe, félicitation, vos chances d’être embauché viennent de tomber à zéro en environ deux secondes, le temps d’articuler votre réponse au sujet de votre état civil…

En France, « Pacsé » n’est pas synonyme à « homosexuel », vu que le PACS est ouvert aux couples hétéros.
En Suisse, seuls deux cantons (Genève et Neuchâtel) ont créé un PACS ouvert aux hétéro (mais qui n’est pas l’exact équivalent du partenariat enregistré. Oui, enjoy la simplicité d’un pays tout petit où les lois changent d’un canton à l’autre. Vous n’y comprenez rien ? Rassurez vous, je n’y comprends pas grand chose non plus, et pourtant j’y habite depuis toujours…).
Etant vaudoise, donc, si moi et une hypothétique copine voulions faire reconnaitre notre couple, on devrait avoir recours au partenariat enregistré fédéral, qui lui n’est ouvert qu’aux couples homos.

Ai-je envie d’être outée dès que je donne mon état civil ?
Ai-je vraiment envie de risquer de m’exposer à la discrimination à l’embauche homophobe ? (déjà que la discrimination à l’embauche envers les obèses est pas mal du tout, est-ce que j’ai vraiment envie de cumuler les facteurs ?)

Dans une société où être reconnu comme homosexuel expose à la discrimination de toutes part, à la violence… Je trouve complètement inadmissible qu’un statut d’état civil mette l’homosexualité d’une personne en lumière de cette manière là.

Un statut d’état civil, on ne peut pas éviter de le révéler, dans une foule de situations. Ça n’est pas optionnel : cette question, vous devez y répondre , et y répondre sans mentir, sans quoi vous vous exposez à une foule d’emmerdements juridiques non négligeable.

Donc l’outing est bel et bien forcé : à partir du moment où on vous demande votre état civil, la personne en face de vous va obligatoirement savoir que vous êtes en couple homosexuel.

Great, n’est-ce pas ?

(Et bon. Le mariage ouvert aux couples du même sexe, c’est pour quand, au juste ? On est beaucoup de Suisse à avoir ricané sur la masse de merde déversée par « La Manif pour tous les réac’ » française… Mais quelque chose me dit que quand le débat sera à l’ordre du jour en Suisse… On n’a pas fini de ricaner, pleurer ou gueuler, au choix…)


PS : Ne pas voir ce coup de gueule comme une critique générale et globale du partenariat enregistré hein. Je suis très consciente du fait que pour certaines personnes, pouvoir avoir recours au partenariat enregistré a été symboliquement ou pratiquement carrément vital. Il y a du positif, bien entendu.
C’est vraiment sur cet aspect « outing forcé » que je me suis concentrée parce que c’est ce qui me fait pousser ce coup de gueule, mais le partenariat enregistré, ça n’est pas que ça.

Lou Doillon, chronique d’une distribution foireuse de brevets de féminisme.

Je ne vais pas être un monstre d’originalité ce soir, tout le monde parle de Lou Doillon et de son interview à El Pais, où elle a dit  :
« Quand je vois Nicki Minaj et Kim Kardashian, je suis scan­da­li­sée, je me dis que ma grand-mère s’est battue pour autre chose que le droit de porter un string. […] [Le comportement de ces célébrités est symptomatique du] syndrome de Stock­holm : comme les garçons ne nous frappent plus le cul, on le fait nous-mêmes. Comme plus personne ne nous traite de “chienne”, on se le dit entre nous. Quand je vois Beyoncé chan­ter nue sous la douche en suppliant son copain de la prendre, je me dis : “On assiste à une catas­trophe”. Et en plus, on me dit que je n’ai rien compris, que c’est vrai­ment une fémi­niste parce que dans ses concerts, un écran énorme le dit. Mais c’est dange­reux de croire que c’est cool. »

A un autre moment de l’interview, elle en profite pour faire un petit tacle à sa maman Jane Birkin, qui « devait tout à Gainsbourg ».

(à préciser, just for fun, que j’ai trouvé cet extrait en googlant « Lou Doillon, interview » dans tout plein de médias français.
Si je n’ai pas été surprise de voir des médias comme MadmoiZelle et le Huffington Post relayer cette information et dénoncer l’attitude de Lou Doillon, j’ai quand même failli m’étouffer avec mon thé glacé en lisant une dénonciation de l’attitude de Lou Doillon sur le site de … Voici.
Si Voici se met à parler « féminisme », alors qu’il relaye dans le même temps à peu près l’intégralité des clichés sur « la Fâme », j’ai un peu envie de dire qu’on est sérieusement dans la merde, et qu’il faut d’urgence que les rédacteurs de Voici s’achètent une Cohérence… Mais bref, c’est un autre sujet !)

Donc.

Nous avons Lou Doillon, jeune mannequin et si je ne m’abuse chanteuse française (dont, pour être honnête, je n’avais jamais entendu parler jusqu’à aujourd’hui, merci à Google et à quelques potes pour les infos sur cette personne).

En cherchant un peu mieux, j’ai trouvé des articles mentionnant le fait qu’elle a fait des photos… de nu.
Avant de s’offusquer de l’attitude de Beyoncé et autres ?

Oook. S’il reste un peu de Cohérence à vendre après le passage des rédacteurs de Voici, nous avons une autre cliente pour en acheter, là…

Je n’ai pas très envie de partir ici dans le débat « Beyoncé est-elle une vraie féministe ou non ».
Je n’ai pas envie de partir non plus dans le débat « Lou Doillon est-elle une vraie féministe ou non », d’ailleurs.

Toutes deux se disent féministes. Donc acte : partons du principe qu’elles le sont.

J’ai par contre envie de grogner sur cette tendance foireuse, personnifiée ici par Lou Doillon, à la distribution de bons points, de mauvais points et de brevets de féminisme.
Ca n’est pas la première que je vois tenir ce genre de propos, que ça soit de la part de personnalités connues ou de la part de « simples quidames croisées sur des groupes de discussion féministes ».

Et à chaque fois, j’ai envie de me cogner la tête contre les murs.

Parce que je trouve cette distribution de brevets juste horriblement essentialiste.
(définition wikipedia de l’essentialisme : « L’essentialisme désigne en sociologie l’idée selon laquelle hommes et femmes diffèrent (même de façon autre que physique) par essence, c’est-à-dire selon laquelle leur nature (féminine ou masculine) ne détermine pas que leur leur physiologie, mais a une influence sur leurs aptitudes ou goûts personnels »)

En effet, s’il y a « un seul féminisme valable », ça veut dire que « toutes les femmes sont pareilles ». Qu’elles ont toutes les mêmes besoins, les mêmes aspirations, la même réalité.

Or, breaking news : ca n’est pas vrai.

Etre féministe aux USA, ça n’est pas tout à fait pareil que d’être féministe à Paris.
Etre féministe quand on est blanche, ça n’est pas tout à fait pareil que quand on est non-blanche.
Etre féministe quand on est riche, ça n’est pas tout à fait pareil que quand on est pauvre.
Etre féministe quand on est mince, ça n’est pas tout à fait pareil que quand on est grosse.
Etre féministe quand on est valide, ça n’est pas tout à fait pareil que quand on est handicapée.
Etre féministe quand on est cis, ça n’est pas tout à fait pareil que quand on est une personne trans.
Etre féministe en 2015, ça n’est pas tout à fait pareil que ça l’était en 1975.

Je pourrais sans doute rajouter pas mal de points à cette liste, mais je pense que vous voyez l’idée.

Il n’y a pas un seul « modèle », « moule », dans lequel est fabriqué « La Femme ».
A partir de là, il n’y a pas une seule manière valable de lutter pour les droits des femmes.
Le contexte, les autres oppressions subies, le lieu, le moment font que FORCEMENT, il n’y a pas UN SEUL féminisme, mais tout plein de déclinaisons du féminisme.

S’autoriser à distribuer des bons et mauvais points, à attribuer ou refuser le « Label Féministe » à telle ou telle femme, à tel ou tel groupe, à telle ou telle manière de lutter, c’est complètement faire abstraction de toute cette diversité.

Or, est-ce que le féminisme n’est pas supposé lutter pour le droit des femmes à être elles-mêmes, à disposer d’elles-mêmes ?..
Y compris quand elles disposent d’elles-mêmes d’une manière qui n’est pas la même que la nôtre ?