Vous êtes sur.e.s de gueuler sur Hanouna pour les bonnes raisons ?

Avant toute chose, vu que mon titre est un peu provoc’, je vais commencer par dire quelque chose qui est une évidence pour toute personne qui me connait (mais pas forcément pour les autres) :

NON, je ne défends pas Hanouna. DU-TOUT. Ce qu’il a fait de manière répétitive dans ses diverses émissions, à savoir faire de l’homophobie, du sexisme, du racisme, du validisme, de la grossophobie, de la psychophobie (bref, de tout ce qui peut se trouver comme discriminations crasses) son fond de commerce sous couvert d’humour EST grave, et mérite amplement qu’on gueule très fort et qu’il soit sanctionné.

A plus forte raison, je ne suis pas hétéro, et les conséquences dramatiques de son dernier « canular » (à savoir : un mec de 19 piges s’est fait virer de chez lui par ses parents, qui ont appris à cause d’Hanouna et son canular que leur fils n’est pas hétéro) me touchent tout particulièrement et me prennent au bide.

Si j’avais la possibilité de faire caca sur ses chaussures pour lui exprimer métaphoriquement tout le bien que je pense de son attitude, je le ferai avec un plaisir non dissimulé.

Caca
(Je n’avais pas envie de voir Hanouna en photo sur mon blog. Alors à la place, j’ai mis un caca)

Maintenant que l’évidence est énoncée, je vais pouvoir devenir casse-gonades, et titiller un peu.

Parce que y a quand même un truc qui me chiffonne, dans la levée de bouclier quasi unanime (à l’exception des fans inconditionnels qui défendent leur idole), contre Hanouna (et ce, déjà avant sa dernière bouse).

Vous êtes tellement nombreux.ses à le condamner que je me demande un peu où vous êtes, tou.te.s, quand il s’agit de dénoncer l’homophobie, le sexisme, le racisme, la psychophobie, le validisme dans euh… VRAIMENT BEAUCOUP D’AUTRES EMISSIONS.

Parce que ouais, Hanouna est peut-être un peu moins « subtile » dans ses « blagues » que d’autres, mais n’empêche que la TV mainstream, elle en est complètement truffée, de trucs discriminants crasseux.
Alors pourquoi ca vous fait hurler chez Hanouna, alors que chez les autres, il n’y a que les militant.e.s convaincu.e.s et acharné.e.s qui réagissent ?

Vous êtes où, quand Ardisson humilie les gros.ses ?
Vous êtes où quand Ruquier donne pendant des mois la parole à Zemmour ?
Vous êtes où quand les Enfoirés font de « l’humour » sur les troubles psy en se foutant allègrement des personnes suicidaires (un comble dans un spectacle destiné à récolter des fonds pour les Restos du Coeur, dont une part non négligeable des bénéficiaires ONT des troubles psy…) ?
Vous êtes où quand Arthur fait des vannes plus que douteuses sur l’homosexualité d’un des participants à ses « Vendredi tout est permis » ?

Parce que je vous cherche, hein, mais je vous vois pas beaucoup gueuler. Du moins, INCROYABLEMENT MOINS que s’agissant de Hanouna.

Pour le coup, avide de comprendre, j’ai cherché des réponses en lisant un peu les commentaires, les discussions, les débats sucités par la polémique autour de Hanouna.

Et ce que j’ai lu, j’avoue, ne m’a pas fait très très plaisir.

J’ai lu beaucoup, beaucoup d’élitisme crasseux.
« Ouais, c’est de la télé populaire quoi, de la merde, de la télé pour les gens cons, de la télé de bas étage, faut vraiment manquer d’instruction pour regarder ça ».
Ouais ben pour le coup, les gens, si Hanouna et ses « blagues » homophobes, sexistes, racistes et autres me donnent envie de déféquer sur ses chaussures, ben je viendrais bien déposer le reste du contenu de mes intestins sur les vôtres, hein.

Il va falloir qu’on parle, très sérieusement.
Trasher sur les homos, c’est mal, mais trasher sur les classes populaires, c’est bien ?
Trasher sur les femmes c’est mal, mais on peut trasher sur les personnes qui n’ont pas un niveau « intellectuel » suffisant à votre goût ?
Vous gargariser de votre niveau d’études en trashant sur les gens qui n’ont pas Bac + Tout Plein, c’est supposé être OK ?
L’homophobie est plus acceptable si elle est exprimée avec des grands mots d’universitaire ?

J’ai vu aussi quelques bons « francais de souche », vous savez, ceux qui votent Marine le Pen et ses sbires, en profiter pour caler quelques petites vacheries racistes. Parce que quand même, il est pas très très blanc, Hanouna, et son nom n’a pas l’air sorti d’un village du Périgord.

Et enfin, j’ai vu quelques « antisionistes » (qui cachent leur antisémitisme en l’appelant autrement parce que c’est plus joli) en profiter pour rappeler l’air de rien que Hanouna est juif.

Et là aussi, j’ai senti très fort mon sphincter anal se relâcher en visant leurs godasses, hein.

Alors ouais. Vous qui dénoncez si fort Hanouna… Prenez cinq minutes pour vous demander pourquoi.
Si c’est sincèrement parce que vous vomissez l’homophobie, que vous conchiez le racisme, que vous gerbez le sexisme, que vous avez des boutons à l’idée du validisme… Alors ouais, continuez de dénoncer. Et je le fais aussi.

Par contre, si vous en profitez pour cracher à l’aise, planqués dans la masse, votre mépris pour les classes sociales « plus basses » que la vôtre, ou votre racisme et votre antisémitisme, vous seriez bien aimable de FERMER VOS GUEULES, et de commencer par balayer devant votre porte. Il semblerait qu’il y ait un peu de caca sur votre paillasson.

Et si on arrêtait de tailler sur les « homos refoulé.es » ?

« Le tueur d’Orlando ? Oooh, bah c’était un homosexuel refoulé, c’est pour ça qu’il a tué tous ces gens »

homosexuel refoulé

Cette phrase – et tout plein de variations autour de cette phrase – je l’ai BEAUCOUP trop lue ces dernières semaines.

Et à vrai dire, on la lit, voit, entend (et peut-être même que vous l’avez prononcée ?) à chaque fois qu’on parle d’une quelconque violence homophobe.

Et figurez vous que je l’ai lue venant autant d’homophobes assumés (qui en profitent pour insister sur le fait qu’il était avant tout un homosexuel, parce que vous voyez, c’est vraiment des dégénérés, ces homos, c’est bien connu).
Que de personnes hétéro « mais pas homophobes non non j’ai même un ami gay ».
Que de personnes LGBT+.

Et quand une phrase arrive à mettre d’accord autant de monde pour dire du caca, je me dis que ça vaut le coup d’en faire un article pour démonter un peu le truc…

Tout d’abord, pour préciser : je ne SAIS PAS avec certitude si le tueur d’Orlando était vraiment « un homosexuel refoulé » ou non, et à vrai dire, je n’en ai absolument rien à secouer, parce que ça ne change ABSOLUMENT RIEN aux motivations homophobes de son acte.
Et je ne suis pas DU TOUT en train de plaindre ce mec, hein, soyons clair : il a butté 49 personnes de sang froid pour leur orientation sexuelle et/ou leur identité de genre, ça n’est définitivement pas quelqu’un que j’ai envie de plaindre.

Mais par contre, oui, ça vaut la peine de démonter un peu le mythe de « l’homosexuel refoulé sur qui on peut tailler peinard ».

D’après vous, pourquoi une personne homosexuelle « refoule » son homosexualité ?

Il y a ici une bonne vieille histoire d’oeuf et de poule à démonter ici.

Si l’explication hâtive tendrait à dire « Les gens sont homophobes parce qu’ils refoulent leur propre homosexualité », j’ai envie de vous demander :
Pourquoi les gens refoulent leur homosexualité ?

C’est vrai quoi ?

Pourquoi passer sa vie à (se) cacher ses véritables attirances sexuelles et/ou romantiques ?
Pourquoi passer sa vie seul.e, ou dans des relations amoureuses / sexuelles plus ou moins insatisfaisantes, parce qu’elle ne correspondent pas à qui on est vraiment, et à qui nous attire vraiment ?

Ça serait quoi le but ?

Hey… Attendez trois secondes… ça ne serait pas à cause de l’homophobie de la société ?

Ouaip.

Si l’homosexualité était quelque chose de « banal » dans notre société, je vous mets mes deux mains (et les pieds avec, tant qu’à y être) à couper que personne ne la « refoulerait ».
Si on pouvait arriver devant ses parents en leur présentant son copain / sa copine (du même genre que soi-même) sans avoir à craindre une réaction homophobe.
Si être homosexuel.le ne signifiait pas être exposé à toutes sortes de discriminations et de violences.
Si on ne pouvait pas encore, en 2016 – selon l’endroit du globe – finir en tôle ou condamné.e à mort pour homosexualité.
Si on n’avait pas à faire de « coming out », à « avouer sa différence »…

Est-ce que vous pensez FRANCHEMENT que des gens, comme ça pour le fun, auraient envie de se pourrir la vie à « refouler leur homosexualité » ?

Donc expliquer l’homophobie par l’existence des « homosexuel.les refoulé.es », c’est carrément prendre le problème à l’envers.

S’il y a des « homosexuel.les refoulé.es », c’est PARCE QUE la société est homophobe.
PAS-LE-CONTRAIRE !

A qui profite la thèse des « homosexuel.les refoulé.es » ?

Quand on dédouane la société d’une manière foireuse, il faut bien se dire que non seulement on dit un truc inexact, mais surtout (et c’est le plus problématique), on renforce des mécanismes de discrimination, d’oppression.

La thèse des « homosexuel.les refoulé.es » permet aux personnes hétérosexuelles de ne pas se sentir concernées par le problème.
« C’est pas nous, c’est les autres », c’est une bonne manière de botter le problème en touche, de ne pas s’attaquer à ses racines.
Et ça permet aux mécanismes oppressifs de perdurer sans réelle réflexion de fond pour y remédier.

Pouvoir « assumer son homosexualité », c’est un privilège, et les « homosexuel.les refoulé.es » ne sont pas des lâches mais des personnes opprimées

Comme je l’ai dit plus haut, j’ai pu lire/voir/entendre cette histoire « d’homosexuel.le refoulé.e » y compris de la part de personnes LGBT+.

Si elle m’exaspère déjà venant de personnes non-concernées, elle me fait d’autant plus grincer des dents de la part de personnes concernées, à vrai dire.

Eh, vous avez déjà oublié que quand on n’est pas hétéro, on est exposé à pas mal d’emmerdes que les hétéros n’ont pas ?
Non ?

Et donc ?

Ca ne vous vient pas que parmi les personnes homosexuelles, il y en a quoi sont ENCORE PLUS exposées à ces risques que d’autres ?
Les personnes qui ont une famille qui est déjà estampillée « hardcore homophobe » avant même toute tentative de coming out ?
Les personnes qui vivent d’autres oppressions et qui ne se sentent pas capable d’encaisser en bonus les conséquences d’être out en tant que personne LGBT ?

Ca vous donne toujours envie de ricaner d’eux ?
Parce que si c’est le cas, permettez moi de vous dire que vous êtes de magistral.es enfoiré.es, hein.

Mais ouais. Dans tous les cas, les blagues vaseuses sur les « homosexuel.les refoulé.es », c’est juste une idée de merde.
Attribuer la cause de l’homophobie du monde à ces mêmes « homosexuel.les refoulé.es », c’est encore plus une idée de merde.
Et vous figurez vous que non seulement elle est merdique, votre idée… Mais en prime elle est carrément homophobe, votre idée de merde.

Chère Christine Boutin…

Chère Christine,

Il n’est pas dans mes habitudes de m’adresser à toi.

Je t’avouerais que, en tant que personne pas hétéro, je n’ai pas une immense estime envers toi, avec les prises de positions que tu peux avoir concernant l’homosexualité (et, de manière plus générale, envers tout ce qui sort de la norme « hétérosexuelle cisgenre »).

Par contre, il va falloir qu’on cause d’un truc.
Je te promets, je vais faire l’effort d’essayer de rester bien sage et bien polie. Si toutefois je devais y faire des entorses, crois bien que j’en suis désolée, mais figure toi qu’il y a des trucs qui me prennent un peu trop aux tripes pour que je puisse faire office de modèle de self-control.

Parlons un peu d’Orlando, Christine, si tu veux bien.

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Parlons, plus précisément, de CA.
Ton tweet de « compassion », là.

Quand je l’ai lu, quelques heures après avoir appris le massacre d’Orlando, crois bien qu’il n’a apporté aucun apaisement à ma tristesse et à ma colère.
Bien au contraire.
Je vais t’expliquer l’image que j’ai eu en tête à la lecture de tes mots. Pardonne moi, elle n’est très glamour.

Je t’ai imaginée en train de nager avec volupté dans le sang encore chaud des victimes, avec le sourire béat que tu arbores sur ta photo de profil Twitter.
Et te lavant dans ce sang, pour que l’odeur du sang encore chaud couvre l’odeur crasseuse de ta propre homophobie.
(Oui, je t’avais dit, c’est pas très glamour).

Ton manque de respect et ton hypocrisie m’ont n’ont fait que rajouter à mon envie de gerber et de hurler, bien présente depuis que j’avais appris le carnage.

C’est d’ailleurs pour ça que j’ai attendu quelques jours avant de t’écrire cette  petite bafouille, histoire qu’elle ne soit pas un ramassis de gros mots tous vener qui ne te donnerait, assurément, pas très envie de lire ce que j’ai à te dire.

Donc.

Je me permets de te rappeler, Christine, que tu as, dans un passé pas si lointain, déclaré tranquilou bilou que « l’homosexualité est une abomination ».
J’imagine que tu t’en souviens aussi bien que moi, vu que tu as même été condamnée pour ces mots.

Dans le cadre de toutes les horreurs balancées par La Manif pour Tous (pour tous les homophobes serait une dénomination nettement plus adéquate, mais bon, j’imagine que ça serait chipoter sur les mots ?), tu as toujours été en bonne position pour appuyer et enfoncer le clou dans notre crâne.
Nous sommes des abominations.
Ah non, j’oubliais. Tu n’as rien contre les homosexuels, juste contre l’homosexualité. Hum. Permets moi de ne pas trouver que ça fasse une si grande différence, hein, parce que figure toi que OUI, en t’attaquant à tout un pan de notre identité, c’est aussi à nous que tu t’attaque, want it or not.

Sais-tu, Christine, que tout ce bousin a amené à une nette montée de l’homophobie, des agressions et des violences homophobes ?
Sais-tu, Christine, que chaque années se suicident en France nettement plus de personnes LGBT+ que le nombre de personnes qui ont été tuées à Orlando ?
Sais-tu, Christine, que ces suicides ont pour ingrédient non négligeable l’homophobie, la biphobie, la transphobie, et tout ça ?
Moi, ces suicides, je les appelles des meurtres, en fait.
Des meurtres psychologiquement induits.
La personne tue son corps oui, mais avant ça, c’est toutes ces discriminations qui tuent sa personne.
Alors, figure toi, Christine, que je ne vois pas forcément une différence si immense que ça dans ton attitude ou dans celle d’un mec qui prends une arme à feu et qui tue 50 personnes LGBT+.
Les moyens sont différents.
Mais le résultat, c’est quand même, in fine, la mort de personnes.
Alors bon, que le flingue ait été dans sa propre main ou dans la main d’une autre personne… ça reste l’homophobie (et autres LGBT-phobies) qui tue, hein.

Alors ouais, ta compassion, elle a quand même un sacré sale goût d’hypocrisie, de « je redore mon blason en grignotant comme un bon charognard les cadavres encore chauds des mort.es d’Orlando ».
Et honnêtement, ça passe pas.
Ca me reste en travers et ça me laisse un goût de bile dans la bouche.

Il va falloir que tu assumes, Christine.
Tu ES homophobe.
Le fait que tu n’aies pas pris un flingue pour dégommer des homos ne fais pas de toi quelqu’un de notablement plus respectable que le mec qui a tiré dans le tas à Orlando, tu sais ?
Apporter ta « compassion » aux victimes, en oubliant soigneusement de mentionner que cet attentat est un attentat HOMOPHOBE, c’est une tentative pathétique et malhonnête pour noyer le poisson de ta propre homophobie. Mais il nage bien, le poisson, figure toi. Nous, on ne l’a pas oubliée, ton homophobie.

Et j’ai une petite question, Christine…
Si le mec n’avait pas été musulman, mais un des bons intégristes catholiques comme il y en a tant dans tes suiveurs… Aurais-tu eu la même réaction ?
Permets moi d’en douter.

Allez, toute bonne soirée, Christine.
Je te laisse en tête à tête avec ta conscience.
Elle ne doit pas toujours être de très bonne compagnie, ta conscience.

Amicalement – ou pas.

Lau’.

[Orlando] Ils faisaient juste la fête, bordel.

Me demandez pas un article, des mots choisis avec soin.

J’ai juste le gerbe, l’estomac au bord des lèvres, les larmes aux yeux mais les yeux secs.

Je ne les connaissais pas, mais j’aurais pu être l’un.e d’entre deux.

50 morts dans une boite LGBT+ à Orlando.

50 morts.

50-morts-merde.

« L’homophobie tue ». « La transphobie tue ». On le dit tous les jours, on le dit, on le gueule, on le répète jusqu’à l’overdose.
Mais même si on le sait, j’crois pas qu’on soit préparé à ça.
Préparés à entendre que en une heure ou quelque chose comme ca, un mec armé d’armes à feu a effacé de la planète 50 personnes juste parce qu’elles aimaient « pas les bonnes personnes ».

Je n’ai pas peur, j’ai mal.

J’ai mal de me dire qu’on dérange assez pour qu’on nous tire dessus.
J’ai mal de dire que quand je tiens dans la rue la main de la personne que j’aime, c’est cette haine qu’on peut susciter.
J’ai mal merde.

J’ai mal de savoir que des crevures qui hier encore nous crachaient à la gueule tweent aujourd’hui « solidarité avec Orlando » (Ouais, c’est pour toi, Boutin, ouais c’est pour toi Poutine).

J’ai pas envie d’avoir à penser aux merdeux islamophobes qui vont se régaler du sang des 50 personnes buttées froidement.
J’ai pas envie de devoir choisir chaque mots pour pas qu’ils puissent récupérer quoi que ce soit. J’ai juste envie de leur cracher à la gueule et qu’on en finisse.

Cette nuit, je m’abrutis de musique et j’ai mal au bide.
Je me « milite » pas. Je ne réfléchis pas.

J’ai juste mal au fond de mes tripes.
Et on est beaucoup à avoir mal.

On n’arrêtera pas d’aimer, n’en déplaise aux merdeux armés jusqu’aux dents, n’en déplaise aux homophobes-bien-comme-il-faut-qui-ne-tuent-pas-mais-qui-méprisent.
On n’arrêtera pas de vivre pour vos beaux yeux.
On n’arrêtera pas de baiser.
On n’arrêtera pas de jouir.
On n’arrêtera pas de construire notre avenir.
On n’arrêtera pas de lutter.
On ne se terrera pas.
On ne retournera pas dans les placards moisis dont vous voudriez qu’on ne soit jamais sorti.es.

Étouffez vous avec votre haine, nous on continuera de vivre et d’aimer.

Mais ce soir, laissez-nous juste chialer et ramasser les morceaux de nos tripes étalées à la une des journaux.

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Pourquoi je milite pour le mariage pour tou.te.s alors que je ne veux pas me marier

C’est une discussion hier autour d’une bonne bouffe avec un ami qui m’a donné l’idée de cet article.

A l’heure où les discussions concernant l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels en Suisse viennent sur le tapis politique, il m’a demandé pourquoi je trouvais ça si important, alors qu’il sait que je suis résolument déterminée à NE PAS me marier et NE PAS avoir d’enfants.

Cette discussion, ça n’est pas la première fois que je l’ai, et je pense qu’elle vaut la peine d’être développée un petit peu ici.
Parce que c’est quand même un questionnement qui revient souvent :

Dans notre société, on se marie de moins en moins.
Alors après tout, pourquoi faire tout un plat de l’ouverture aux personnes homosexuelles d’un droit que de moins en moins de monde met en application ?

J’ai même vu des discussions féministes tourner autour de « le mariage homo renforce le patriarcat parce que le mariage est une institution patriarcale et qu’il ne faudrait pas militer pour le mariage pour tous, mais par contre, militer contre le mariage de manière globale ».

Alors quoi : le mariage homo, progrès social ou régression ?

Bon. Le titre de cet article annonce la couleur : à mes yeux c’est un progrès carrément important, et carrément nécessaire, aussi.

Notre société, même si de moins en moins de gens se marient, accorde toujours une grosse valeur symbolique au mariage.
Se marier, c’est « officialiser son amour ».
Ca, c’est pour le petit coté « coeur coeur fleurs et paillettes ».

Et je veux avoir le choix.
Même si dans ma tête il est fait, hein, le choix.
Mais actuellement, le fait est que si je suis en couple avec une femme, je ne l’ai pas, ce choix.
Je ne peux pas me positionner personnellement contre le fait de me marier, vu que la question ne se pose même pas.

Et bon. Il parait que je ne suis pas le nombril du monde, hein.
Je connais pas mal de personnes homosexuelles qui VOUDRAIENT pouvoir se marier.
Qui, pour des raisons qui leur appartiennent, ont ENVIE de pouvoir officialiser ainsi leur union.

Je peux même envisager une situation où je VOUDRAIS pouvoir me marier :
Si je devais être en couple avec une personne qui n’est pas de nationalité Suisse, et que le fait d’être mariée avec moi lui permette de vivre de manière moins précaire en Suisse (obtention d’un permis de séjour et de travail, accès aux aides sociales si besoin, ce genre de trucs là), alors oui, je le ferais. Non pas pour le mariage en soi, hein, mais pour que cette personne puisse vivre convenablement en Suisse.
Mon regard personnel sur le mariage c’est une chose, mais si c’est à mettre en balance avec la qualité de vie d’une personne que j’aime, je veux bien me fendre d’une signature sur un bout de papier, hein.

(Vous me direz, il y a déjà un partenariat enregistré pour ce genre de situation. C’est pas faux, hein, mais j’ai un peu une dent contre cette solution, parce que vu qu’il est ouvert aux seuls couples homosexuels, c’est de l’outing forcé caractérisé : la seule vue de l’état civil d’une personne en partenariat enregistré permet de savoir qu’elle n’est pas hétéro. J’ai d’ailleurs développé ce truc là dans un ancien article)

Donc oui. Je pense qu’il est important d’ouvrir cette notion de CHOIX. Cette notion de POSSIBILITE.
Se marier ou pas, avoir des enfants ou pas, ça devrait être un choix, pas une interdiction qui t’est posée en fonction de ton orientation sexuelle.
On est en 2016 nom d’un chien, il serait temps que la société reconnaisse pleinement que la valeur de l’amour que deux personnes se portent n’est pas conditionnée par le fait que ces personnes soient ou non hétérosexuelles !
Même chose pour leur capacité à être des parents aimants, aptes à accompagner un enfant dans son chemin de vie, tout ça tout ça.

Concernant le débat sur « OMG est-ce que ça renforce le patriarcat ? », j’ai envie de dire que c’est un faux débat.
Ou que c’est un débat d’hétéros qui se regardent le nombril (oui, cet argument m’avait mis très en colère quand je l’ai vu passer… ça se voit un peu ?).

D’une part, parce que d’ici à ce qu’on arrive à faire totalement évoluer la société vers un modèle non-patriarcal, au risque de paraitre pessimiste, il y a encore quelques années (doux euphémisme) de lutte devant nous.
Et en attendant, on fait quoi, si on n’est pas hétéro ?
On crève la gueule ouverte ?
On voit notre conjoint.e se faire renvoyer de Suisse faute d’officialisation du couple, s’il se trouve qu’iel n’est pas Suisse ?
On accepte d’avoir moins de droits que les autres « mais c’est pas grave c’est pour la cause » ?
Bullshit, sérieusement.
C’est bien beau, de viser loin. Il FAUT viser loin, et OUI, notre société patriarcale et capitaliste DOIT se casser la gueule et être reconstruite autrement. On est d’accord.
Mais la société, c’est AUSSI les humains qui la composent, et construire le changement en piétinant la gueule des personnes qui sont déjà les plus précarisées et les plus mises à l’écart, c’est quand même sacrément puant.

Qui plus est, introduire la notion d’homosexualité dans une norme socialement admise, officiellement reconnue, c’est DEJA fragiliser un modèle de société patriarcale, hein. C’est déjà remettre des choses en question.
Alors la petite accusation de trahison à la cause féministe, elle n’a juste pas lieu d’être.
Gardez votre brevet de « bonne féministe », j’en veux pas, je me débrouille pour rédiger le mien moi-même, merci beaucoup !

Pour toutes ces raisons, OUI, je milite pour l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homos. Partout, mais en particulier en Suisse, où je vis, vu qu’on a un sérieux train de retard sur le sujet…

mariage homo

Black M, Verdun, et le festival de la mauvaise foi

Bon. Ceci est ma dernière adjonction à cet article – que non, je ne supprimerai pas – pour expliquer le contexte où je l’ai écrit.

Donc : en général, quand je vois « Black M » dans un titre d’article, je ne lis pas.
Parce que sa musique c’est de la merde, parce que j’ai un mépris sans limite pour son culte du fric, et que j’ai la rancune tenace face à l’homophobie décomplexée des (ex) membres de Sexion d’Assaut.
Et qu’en prime je me farde du Black M et du Maitre Gims à longueur de journée de taf parce que je bosse avec des ados qui adorent la soupe musicale mainstream.
Donc ouais, habituellement, je ne lis pas.

D’où le fait que le début de la polémique autour de Black M à Verdun a eu lieu sans que j’y prête attention : je ne lisais tout simplement pas les articles sur la polémique, parce que je m’arrêtais à « Black M » et que je ne pensais pas qu’il y ait quoi que ce soit d’important à lire dans un article concernant Black M.
Quand le concert a été annulé, le nombre d’articles qui me sont passés devant le nez dans ma timeline sur les réseaux sociaux m’a amené à me dire « Wtf qu’est ce qu’il se passe ? », et à lire les articles.
J’ai donc découvert en même temps :
– L’invitation de Black M à Verdun.
– Le tollé dans les rangs de l’extrême droite.
– L’annulation.
– Et les réactions sans nuances de CERTAIN.ES militant.es anti-racistes.

Cet article, je l’ai écrit en mode coup de gueule (comme le titre du blog pourrait éventuellement le laisser supposer).
Pas en mode étude sociologique.

Je l’ai écrit en mode coup de gueule d’une personne pas hétéro, qui en l’espace de quelques minutes découvrait :
– Que des abrutis finis avaient eu l’idée lumineuse d’inviter à une commémoration à visée plutôt pacifique (commémorer les victimes, c’est pas célébrer la guerre hein…) un mec qui a fait partie d’un groupe musical qui incitait verbalement à trancher les organes génitaux des homos et qui « assumait à 100% son homophobie ». Paie ton pacifisme. 1er crachat dans la gueule.
– Que des crevures d’extrême droite – qui habituellement ont plutôt tendance à cracher joyeusement à la gueule des personnes LGBT+ – avaient eu l’indécence de tenter de bouffer au râtelier LGBT+ pour planquer leur racisme sous le tapis. 2ème crachat dans la gueule.
– Et que CERTAIN.ES militant.es anti-racistes abordaient la défense de Black M en empêchant toute forme de mention de son homophobie dans la discussion, et en accusant de racisme toute personne ne se pliant pas à cette exigence. 3ème crachat dans la gueule.

Alors oui, cet article a été écrit du tac au tac, énervée, en colère. Ouais.
Colère que je continue d’estimer légitime, et tant pis pour les personnes qui verront là une preuve de mon « racisme ».
Mais colère qui m’a amené à présenter les choses sans les hiérarchiser en terme de conséquences ou de gravité sur un plan SOCIAL et SOCIETAL.
S’il est grave sur la plan humain que des personnes se sentent le droit de dire à des personnes touchées par l’homophobie de fermer leur gueule sur le sujet, c’est très loin d’avoir le même impact sur le plan de la société que la mobilisation raciste dégueulasse dont Black M a fait les frais.
On est bien d’accord là dessus.
Et en aucun cas mon aversion pour Black M ne me fait trouver la moindre excuse aux sous-merdes d’extrême droite qui ont lancé un bashing contre ce mec dont ils se foutent royalement, mais qui se trouve avoir une couleur de peau et une religion qui ne leur reviennent pas.

Maintenant, s’il y a encore des gens qui ont envie de chercher dans cet article une preuve de mon « racisme », j’ai envie de dire : démerdez vous avec votre conscience.
J’ai dit ce que j’avais à dire sur le sujet et je n’y reviendrai pas.

—-
(Pour celleux qui auraient passé les derniers jours dans une grotte isolée sous les montagnes de l’Antarctique – je pense qu’il fallait au moins ça pour ne pas en entendre parler – petit rappel des faits : Black M était supposé chanter lors de la commémoration du centenaire de la bataille de Verdun. Cette annonce a fait un tel tollé dans la faschosphère que le concert a été annulé).

Je suis agacée.

Je crois que je suis intolérante à la mauvaise foi autant que je suis intolérante à la haine et à la discrimination, et dans cette affaire là, le festival de mauvaise foi déployé par absolument tout le monde dans cette histoire là devient… assez irritant.

Donc nous avons :

Black M.
Ex-membre de Sexion d’Assaut.
Groupe qui s’est illustré, en terme de très bad buzz, par une interview où ils ont affirmés « être homophobes à 100% et l’assumer » (vous avouerez que ça pique, quand même, non ?).
Mais – et c’est à préciser parce que ça explique un peu la suite – (arrière ? j’ai lu les deux versions) petit fils de tirailleur sénégalais.

Black M

La faschosphère.
Qui s’est illustrée – majoritairement – par son soutien à la Manif Pour Tous, et donc par son homophobie.

Les militant.es intersectionnel.les.
Qui ne sont habituellement (et c’est heureux, hein !) pas connu.es pour leur tolérance aux propos homophobes.

Maintenant que les protagonistes de cette vaste blague (ouais je suis pas très tendre. J’vous ai dit que je suis allergique à la mauvaise foi !) sont présentés, on va pouvoir passer au scénario de cette mauvaise farce.

Acte Un :

Black M est pressenti pour chanter lors de la commémoration de la bataille de Verdun.

On peut sérieusement se poser la question du sens de cette programmation.
Commémorer la présence des tirailleurs sénégalais dans les tranchées (ce qui serait PLUTÒT LOUABLE).
Ou simplement faire le buzz et attirer l’attention sur cette commémoration avec la présence d’un chanteur actuellement plutôt populaire, sans autre sens profond.
Mon petit coté cynique me fait honnêtement pencher pour la 2ème version. Malheureusement.
Acte un de la mauvaise foi, donc : c’est une manière de commémorer, ou de faire du fric et du buzz. Faudrait savoir hein. Parce que c’est pas vraiment la même chose !

Acte Deux :

Ca fait un mega tollé dans la faschosphère.
Tout le monde hulule à la déshonoration (oui je sais, le mot n’existe pas, mais j’m’en fous, pour illustrer le ridicule de la faschosphère, je n’ai pas trop de problème à utiliser des mots qui n’existent pas !) des morts français, et blablabla.

En utilisant des arguments… Pour le moins diversifié.

Ca ne fait pas très glamour de dire que Black M n’est pas assez blanc et pas assez Français de Souche pour chanter lors de cette commémoration.
Ca obligerait à assumer son racisme, et brrr, assumer son racisme, c’est quand même pas très bien vu hein.

Alors bon.
Il s’agit donc de trouver d’autres arguments.

Le fait que Black M a fait des chansons pas très tendres envers la France.
(Ma foi, ça a le mérite, au moins, d’être dans une certaine cohérence avec le patriotisme nationalisme assumé de la faschosphère… Mais par contre, on peut se demander si « vénérer la France » est forcément nécessaire pour commémorer la mémoire des morts d’une bataille…).

Et – et c’est là que mon détecteur de mauvaise foi passe dans le rouge – la faschosphère se sent également autorisée à utiliser L’HOMOPHOBIE DE BLACK M comme argument.

Et là, je commence à avoir envie de distribuer des baffes à tour de bras.

Parce que cette même faschophère hululait il y a peu à la ruine de la morale de notre société et à la destruction de l’humanité par le Puissant Lobby LGBT lors des rassemblements de la Manif Pour Tous Les Homophobes.

Alors faudrait voir à arrêter de se foutre de la gueule du monde, hein.

Chers lecteur.trices faschos (en supposant que j’en aie. Berk !)… vous ne POUVEZ pas, si vous avez une once de cohérence et de logique, hululer avec la Manif Pour Tous PUIS dénoncer l’homophobie de Black M.

C’est de la fucking mauvaise foi caractérisée, et c’est vraiment prendre les personnes LGBT+ pour de parfaits con.nes hein.
Essayer de bouffer au râtelier LBGT+ après nous avoir craché dans la gueule, c’est VRAIMENT du foutage de gueule caractérisé.

Ce qui vous dérangeait avec la présence de Black M à Verdun pour cette commémoration, c’est pas le fait qu’il soit homophobe. C’est le fait qu’il ne soit pas blanc, et qu’en plus il ait l’audace de critiquer la France (en même temps, tu m’étonnes qu’il la critique, vu comme les personnes racisées y sont traitées, hein !)

Acte Trois :

Face à ce tollé, la Mairie de Verdun déprogramme Black M.

Acte Quatre :

Dans ma timeline sur les réseaux sociaux, je vois un gros tollé d’indignation fleurir contre cette déprogrammation.
De la part de militant.es intersectionnel.les.

Les mêmes militant.es intersectionnel.les qui habituellement montent au créneau si on a le malheur de citer un.e artiste / un.e auteur.e qui a eu le mauvais goût de faire une bouse (même une bouse passablement moins massive que de dire ouvertement « On est à 100% homophobes et on l’assume »).

Il semblerait donc que l’éponge ait été totalement passée sur l’homophobie du mec, pour ne surtout pas aller le moins du monde dans le même sens que les gros.ses merdeux.ses de la faschosphère.

On souligne avec emphase le fait que Black M soit le descendant d’un tirailleur sénégalais, et toute personne tentant de faire remarquer que c’est certes un descendant d’un tirailleur sénégalais, mais AUSSI un enfoiré homophobe se fait rapido démonter et accuser de hurler avec les loups de la faschosphère, et par la même d’être raciste.

Elle est passée où, l’intransigeance habituelle contre les propos LGBTphobes ?

C’est quoi ce monde pourrave, où la nuance est interdite ?
Où on ne peut pas lutter A LA FOIS contre la bouse raciste des enfoirés en chemise brune, contre le fait qu’ils se permettent en prime d’utiliser la lutte contre l’homophobie comme prétexte alors que c’est habituellement les pires crevures homophobes…
ET contre la présence à une manifestation commémorative d’un mec qui a dit « On est 100% homophobes et on l’assume » ?!

Est-ce que le racisme est moins grave que l’homophobie ? NON.
Est-ce que l’homophobie est moins grave que le racisme ? TOUJOURS PAS.

Les deux sont à part égale un mélange de vomi et de merde.

Ah.

J’vous ai vu, là dans le fond, qui vous préparez à me faire un laïus sur les whitetears dans les commentaires de cet article (parce que ouais, soyons sérieux.ses, je pense – J’ESPERE – que j’ai quand même un peu plus de lecteur.trices se revendiquant de l’intersectionnalité que de lecteur.trices en chemise brune, hein…) :

NON, je ne cautionne pas le racisme crasseux de la faschophère autour de cette histoire de concert de Black M. VRAIMENT PAS.

Mais par contre, en tant que personne directement touchée par l’homophobie, j’ai beaucoup de mal à avaler de voir une sorte de tabou autour de l’homophobie de Black M.
Le fait qu’il ait la faschosphère sur le dos à cause de sa couleur de peau ne l’absout pas magiquement de son « homophobie à 100% assumée ». VRAIMENT PAS non plus.

Par honnêteté intellectuelle :

– Non, je ne dis pas que c’est l’intégralité des militant.es intersectionnel.les qui a adopté une position sans nuance quant à ce cher Black M.
Par contre, il ne s’agit pas NON PLUS d’une ou deux personnes qui auraient dit un peu nawak dans leur coin, mais quand même d’une position que j’ai vu de manière assez récurrente pour que ça me fasse réagir.
Et NON, je ne citerai pas qui quoi comment où.
Ca n’est pas dans mes habitudes « d’afficher » des gens, y compris des personnes dont les positions me font bondir. Et je ne compte pas faire exception ici.

– Je n’avais pas mentionné dans mon article le fait que Black M – et le groupe Sexion d’Assaut en général – ont fait amande honorable quant à leurs propos homophobes. Par des excuses publiques, et en participant à une action anti LGBT-phobe avec une (ou des ?) assos.
Par contre, il est utile de préciser que cette amande honorable est survenue après que des villes aient menacé de supprimer leurs concerts suite au tollé qu’avaient fait leurs propos.
Pour être honnête : je ne crois pas une seconde à la sincérité d’excuses obtenues par la menace de grosses pertes financières. Je n’y crois pas. C’est clairement pour ça que je n’ai pas mentionné ces excuses, qui ont à mes yeux autant de valeur qu’un pet de mouche.
Mais je n’ai pas la science infuse, et peut-être que je me plante. Allez savoir.

Lau’ explique l’homophobie à Petit Oskar

Petit Oskar, c’est un peu comme Petit Ours Brun, mais en moins mignon, moins doux, et infiniment moins sympathique.

Il a des poils longs sur la tête, toujours bien attachés dans un magnifique catogan, autrement dit une queue de cheval.
D’ailleurs, certains en profitent pour rappeler ce qu’il y a, sous la queue du cheval (et peut-être bien que je suis un peu d’accord avec eux. Peut-être, hein. Juste peut-être).

Oskar Freysinger
(Dessin de Marc Large, dont vous trouverez les travaux ICI )

Petit Oskar, c’est un peu comme un jouet parlant, avec des messages automatiques pré-enregistrés.
Alors quand on parle d’un sujet de société en Suisse, souvent, on sait que Petit Oskar va y aller de son petit message pré-enregistré, tellement prévisible qu’on n’a même pas envie de l’entendre, parce qu’en plus d’être pénibles, ses messages automatiques sont tellement prévisibles qu’on en connait le contenu avant même qu’il ouvre la bouche.

Petit Oskar est un jouet automatique créé en Valais.
Alors évidemment, quand il se passe quelque chose en Valais, Petit Oskar doit y aller de son commentaire.

Et il y a quelques jours, en Valais, il s’est passé un truc.
Au Collège des Creusets (il faut savoir qu’en Valais, « Collège », c’est comme le lycée en France, ou le gymnase à d’autres endroits en Suisse), le rectum… euh, le recteur a annulé un atelier de prévention sur les insultes homophobes et sexistes. Malgré le fait que plein d’élèves s’y étaient inscrits, il a trouvé ça « inutile », le recteur.

Alors forcément, Petit Oskar s’est senti obligé d’y aller de son petit avis. Parce qu’en plus, Petit Oskar, il se trouve qu’il est responsable de l’instruction publique pour son canton (ouais, c’est bizarre de confier des responsabilités à un jouet qui diffuse des messages pré-enregistrés, je suis d’accord avec vous).

Donc Petit Oskar, il a décidé que le recteur n’avait pas le droit d’expliquer lui-même pourquoi il avait décidé d’annuler cet atelier.

Faut le comprendre, Petit Oskar : il avait des messages pré-enregistrés tout prêts à diffuser sur l’homophobie et sur l’homosexualité. Alors il voulait qu’on les entende, ses messages (il est un peu prétentieux, petit Oskar : il pense tout savoir sur tout, y compris sur de trucs où il comprends que dalle, et il aime beaucoup entendre le son de sa voix).

Alors Petit Oskar, il est allé à la Radio, et il a sorti ses messages pré-enregistrés (de merde) :

Il n’y a pas de problème d’homophobie dans les écoles en Valais et tant que je serais chef du département de l’instruction publique on va pas venir parler de ces théories du dgender chez nous.

Alors, Petit Oskar, vu que j’ai pas envie de te laisser continuer de te ridiculiser comme ça, je crois que je vais devoir t’expliquer ce que c’est l’homophobie, parce que je crois que tu n’as pas tout bien compris.

Alors, puisque je suis assez sympa pour t’expliquer, tu vas me faire une faveur : pour une fois, tu vas te taire, et écouter jusqu’au bout, d’accord ?

Viens avec moi, Petit Oskar, je vais te faire visiter une cours d’école.

Tiens, écoute… tu as entendu, là, ces gamins qui s’insultent de « PD » et de « Tafiole » ?
Voilà, je vais pouvoir commencer à t’expliquer, alors.

Tu sais ce qu’elles veulent dire, ces insultes ?
C’est des insultes qu’on utilise très (trop) souvent pour désigner les homosexuels désignés comme hommes.
Tu sais, les mecs qui baisent avec des mecs ? Ceux qui sont amoureux de mecs ?
Ben c’est eux, qu’on appelle « Pédé », en général.
Alors oui, souvent, quand les enfants s’insultent de « pédé », c’est pas pour dire « tu es homosexuel », c’est juste une manière de dire « t’es une merde ».
Mais réfléchis trois minutes.
Attends, puisque tu es prof (ouais, Petit Oskar est prof. Je sais, ça aussi c’est un peu bizarre…) , on va faire une petite équation :

Si on a :

Homosexuel homme = pédé
Et « tu es une merde » = « Sale pédé »

On a aussi : Homosexuel homme = pédé = merde.

Tu trouves toujours que c’est pas homophobe, d’utiliser « Pédé » comme insulte, maintenant, Petit Oskar ?

Tu commences à comprendre où je veux en venir ?

Viens, on continue la visite de la cour d’école.

Là, tu la vois cette adolescente ? Elle est en train de dire que son camarade est « une tapette » parce qu’il « marche comme une fille ».

Non ? Toujours pas d’homophobie ? Vraiment pas ?

Tu entends ces deux mecs qui discutent ? « Et toi, t’as toujours pas de copine ? ».
Tu remarques un truc ?
Il a dit « copine ». Pas « t’as pas de copine ou de copain ? ».
T’as vu ?
C’est ce qu’on appelle « l’hétéronormativité ».
Le fait qu’en fait, par défaut, dans la société, on part du principe que tout le monde est hétéro. La « norme », « ce qui est normal », c’est d’être hétéro.
C’est pour ça que cet ado demande à son pote s’il a UNE COPINE, sans imaginer une demi seconde qu’il puisse éventuellement être en couple avec un mec.

Quoi ? Qu’est ce que tu me dis à l’oreille, Petit Oskar ?
Qu’il n’y a pas d’homosexuels dans cette cours d’école ?

Attends, je vais t’expliquer le concept de « placard ».
Parce que ça aussi, c’est important pour comprendre l’homophobie.
C’est un peu la conséquence en droite ligne de l’hétéronormativité.
Vu qu’on considère que la norme, c’est l’hétérosexualité, c’est vachement difficile de dire « Eh, mec, moi je suis pas dans la norme ». Parce que ça sonne très fort comme « Eh, mec, moi je suis ANORMAL ». Ca pique, hein, d’avoir à dire qu’on est anormal, tu crois pas, Petit Oskar ?
Et vu qu’en plus il y a plein de gens qui, comme toi, disent que « l’homosexualité c’est une maladie » (parce que oui, tu as dit ça, Petit Oskar… sisi), vu qu’il y a plein de gens qui insultent les homosexuel.les, quand on est homo, on le dit pas. On appelle ça « rester dans le placard ». C’est à dire se cacher. Tu sais, comme quand on doit éviter de se faire voir pour éviter de s’en prendre plein la gueule.
En fait, c’est exactement ça : on se cache.
Et on se cache pourquoi, Petit Oskar ?
Je te le donne en mille : à cause de ce truc « qui n’est pas un problème » : l’homophobie.
Et cette invisibilisation (ouais, c’est comme ça qu’on appelle ça, le fait de rendre les homosexuel.les invisibles, de tout faire pour qu’on ne sache pas trop qu’ils existent, de les pousser à se cacher), c’est AUSSI DE L’HOMOPHOBIE.

Et là, tu vois, je n’ai donné que des exemples concernant les « pédés ».
Mais je pourrais t’en donner tout autant sur les « gouines », tu sais Petit Oskar, ces femmes qui ont l’audace d’aimer d’autres femmes, de coucher avec d’autres femmes, tout ça.

Alors tu vois, Petit Oskar, même si je te dis tout ça avec un peu d’humour, tes bouses, elles me font pas rire du tout.
Elles me font pas rire du tout, parce que tu vois, les statistiques (tu dois bien aimer, ça, les statistiques, non ?), elles expliquent que les personnes homosexuelles, elles se suicident beaucoup plus souvent que les personnes hétérosexuelles.
Parce qu’elles se font humilier, rabaisser, insulter, mettre à l’écart, rejeter (des fois même par leur famille).
Parce qu’elles sont sujet de moqueries.
Parce que « être un pédé c’est être une merde ».
Et ces suicides, ils ont le plus souvent lieu avant 20 ans.
Avant 20 ans, Petit Oskar. T’sais, l’âge où normalement on a la vie devant soi, plein de projets d’avenir, où on se projette dans un avenir professionnel, où on se projette dans une vie amoureuse, ‘fin… tout ça quoi.

Alors ta théorie fumeuse sur l’atelier inutile parce que « l’homophobie n’est pas un problème en Valais », va falloir que tu la révises, mec.

Ou alors tu vas aller l’expliquer aux familles et aux potes de ces ados qui se sont buttés, je suis sure qu’ils vont être ravis de t’expliquer leur vision des choses, tu vois ?

Ton attitude, Petit Oskar, d’ailleurs, puisqu’on en est à parler de toi… C’est de l’homophobie, aussi.
Tu vas surement pas vouloir le reconnaitre, c’est pas dans tes messages pré-enregistrés, ça, le « Oui, désolé, j’ai eu tort ».

—-

Pour celleux qui voudraient écouter à leur tour les « messages pré-enregistrés » d’Oskar Freysinger (ci-dessus appelé « Petit Oskar ») sur l’homophobie qui « n’est pas un problème dans les écoles valaisannes », c’est écoutable ici.
Je décline toutefois toute responsabilité pour l’humeur que vous aurez après cette écoute.

Homophobie vs racisme : quoi et comment dénoncer ?

Un article qui comprendra surement plus de questions que de réponses…

N’étant pas hétéro, je ne peux pas ne pas être touchée, révoltée, en colère, quand je lis que des personnes sont menacées, violentées, torturées, emprisonnées ou mises à mort à cause de leur homosexualité.
Où que ça soit dans le monde.
Ici ou ailleurs.

Ca me touche droit au bide, avec à chaque fois la pensée obsédante : ça pourrait être moi.
Je pourrais être la personne agressée, ici ou ailleurs.
je pourrais être la personne emprisonnée, si tant est que les caprices de la géographie m’aient fait naître ailleurs.
Je pourrais être la personne mise à mort.

Alors quand je lis « 7 hommes emprisonnés au Sénégal pour cause d’homosexualité« , ou autres horreurs dans ce genre là, j’ai envie de hurler l’information, de faire tourner la pétition, tout ça.

Hebergeur d'image

Après, j’ai aussi lu les réactions – tout aussi légitimes je pense – de personnes qui craignent que ce genre de partage et de mobilisation n’attisent le racisme. Que ça soit dans une optique néocolonialiste (« Nous qui sommes tellement en avance sur vous, nous allons vous apprendre la vie »).

Et on ne peut pas dire que ces craintes soient infondées, quand on voit le nombre de personnes qui se découvrent une grosse envie de lutter contre l’homophobie, ou contre le sexisme, si ça leur donne l’occasion de casser au passage sur « les Africains », sur « les musulmans » , ou encore de faire valoir la supériorité de nos sociétés occidentales sur… tout le reste du monde en fait.

Pour autant, je n’arrive pas à me dire qu’il ne faut pas, jamais, sous aucun prétexte, dénoncer les actes homophobes qui se passent dans d’autres cultures.
Ca me touche trop, ça m’écorche trop la gueule pour arriver à juste me taire, fermer les yeux très fort pour ne pas voir, et attendre que le changement se passe.

A plus forte raison… On parle souvent de laisser la parole aux concerné.es. Et c’est vrai, c’est important, c’est capital même. Bien sûr que si on étouffe la parole des personnes LGBT+ vivant directement sur place sous notre parole de personnes LGBT+ occidentales, on fait plus de mal que de bien.

Mais par contre… La parole des concerné.es, dans des pays où l’homosexualité est passible de sanction pénales, elle peine souvent à se faire entendre. Parce que les gens ont la trouille, et ma foi c’est plus que largement compréhensible…
Est-ce que j’assumerais aussi « facilement » mon orientation sexuelle publiquement si je risquais de me retrouver en prison, ou éventuellement torturée ou tuée à cause de ça ? Sincèrement, j’aimerais bien dire que oui, que je serais courageuse et brave, mais sincèrement, je n’en suis de loin pas sure. Parce que voyez-vous, je tiens « un peu » à la vie, quand même…

Alors est-ce qu’on peut raisonnablement attendre uniquement la parole des concerné.es, quand elle est étouffée sous la menace ?
Est-ce vraiment complètement inutile et contreproductif de dénoncer ce qui se passe ailleurs ?

Est-ce qu’en faisant gaffe à la manière, en faisant gaffe à recadrer les réactions qui friseraient de trop près le racisme, il n’est pas possible (et utile ?) de dénoncer ce qui se passe « ailleurs », quand ce qui se passe ailleurs nous retourne les tripes comme si on les essorait dans une centrifugeuse ?

Est-ce que « les concerné.es », dans une telle situation, ça n’est pas aussi toutes les personnes LGBT+ qui se sentent immédiatement solidaires et touchées par ce qui arrivent à d’autres personnes LGBT+ quelque part dans le monde ?

Est-ce forcément raciste de dénoncer les crimes transphobes et homophobes à la pelle au Brésil ?
Est-ce forcément raciste de dénoncer l’arrestation de ces 7 homosexuels au Sénégal ?
Est-ce forcément xénophobe de hurler devant la situation des personnes homosexuelles en Russie ?

Où se situe la limite entre le respect (normal et légitime) des autres cultures, et l’indifférence puante envers des gens qui morflent et qui n’ont que peu de possibilité de faire entendre leur voix parce que ça pourrait leur couter la vie ?

8 phrases qui se terminent par des « ? » sur un article de moins de 700 mots… je vous avais dit qu’il y aurait plus de questions que de réponses…

[Pétition] Pour interpeller les autorités religieuses sur les propos de Vitus Huonder

Parce que de tels propos incitent au meurtre et à la violence homophobe.

Parce que quand une personnalité écoutée comme peut l’être un évêque se permet une telle violence, il arme le bras des personnes qui le prendront au mot pour se précipiter dans le cortège d’une gay pride et tuer des gens.

Parce que c’est au nom de ces mêmes versets qu’un fondamentaliste juif s’est rué dans le cortège de la Pride de Jerusalem, tuant une adolescente de même pas 17 ans, et blessant 5 autres personnes, dont une gravement.

Parce que ça doit cesser. Pas dans 50 ans, pas dans un siècle, mais maintenant.

C’est deux clics.

J’espère que vous serez nombreux.ses à prendre le temps de les faire, ces deux clics.

Voici le lien vers la pétition : PETITION

Elle s’appelait Shira. Elle n’avait même pas 17 ans

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Je ne la connaissais pas, mais son sourire me hante depuis tout à l’heure, et mon bide est noué de larmes.

Je l’imagine, jeudi dernier, se préparant pour aller à la Pride de Jerusalem.
Je l’imagine souriante comme sur la photo, contente de partager ce moment avec tant d’autres personnes.
Je l’imagine défilant.

J’imagine sa terreur quand Yishai Schlissel, intégriste religieux et meurtrier homophobe, s’est rué dans le cortège avec un couteau et a poignardé 6 personnes, dont elle.
J’imagine ses 4 jours de lutte contre la mort.
J’imagine l’angoisse de sa famille veillant une gamine de 17 piges entre la vie et la mort.
J’imagine leur douleur, la douleur de ses amis aussi, alors que Shira a perdu son combat contre la mort.

Elle s’appelait Shira. Elle n’avait même pas encore 17 ans. L’âge d’avoir la vie devant elle, d’avoir des projets à la pelle.
L’âge d’avoir envie de se battre pour ses idéaux. L’âge d’être amoureuse. L’âge d’être lycéenne.

Elle s’appelait Shira.

Je ne suis pas hétéro. Je pourrais être à sa place. Parce que partout, chaque jour, l’homophobie tue.

Je suis triste.
Et je suis en colère. Tellement en colère.
En colère, parce que ce mec avait annoncé son acte, et que rien n’a été fait pour l’empêcher d’agir.
En colère, parce que la haine nourrie d’intégrisme religieux crache totalement sur le message d’amour transmis par les religions. Et que c’est toujours ces messages de haine qui sont retenus par les intégristes, jamais les textes parlant d’amour et de respect.
En colère, parce que toutes les personnes « qui sont homophobes mais qui ne feraient jamais ça » arment hypocritement la main des personnes qui sont suffisamment violentes pour passer à l’acte, avant de s’en laver soigneusement les mains. Elles se lavent les mains dans le sang des victimes. Rien de plus. Rien de moins.
En colère parce que des Shira, il y en a eu tellement d’autres, et il y en aura tellement d’autres encore. Pas seulement à Jerusalem. Partout dans le monde.
En colère parce que je sais que d’ici quelques jours, l’émotion sera retombée, et que plus grand monde en aura grand chose à foutre, de l’homophobie.

Repose en paix, Shira.

La lutte continue.