« C’est quand l’égalité », la grosse s’inspire du texte de Vincent Lahouze

Demain, je compte me saper comme d’habitude pour aller au boulot. Peut-être que ça sera un jeans et un t-shirt, peut-être que ça sera une jupe longue, peut-être que ça sera une robe, on verra l’inspiration du moment.

J’espère que personne ne me montrera du doigt pour me désigner à ses potes en leur disant des trucs où j’entendrai, de loin, le mot « grosse », que je ne me ferai pas traiter de gros tas, de grosse vache, de « t’as vu la meuf elle est trop laide ». J’espère aussi que personne ne trouvera mon gras désirable comme un fétiche.

« Eh mademoiselle, j’aime les filles qui ont des gros seins et des grosses fesses molles, c’est cool au pieu, tu baises ? »
« T’as vu la grosse là ? Putain le thon »
Truc du genre.

J’espère que personne viendra tâter mon cul pour vérifier s’il est aussi mou qu’il en a l’air, dans le bus ou le métro. J’espère que personne ne fera de remarque suffisamment fort pour que tout le bus l’entende, et pour que les autres voyageurs passent leur trajet à me fixer ou à me commenter avec leur voisin.

Je rentrerai tard du boulot, sans trop me prendre la tête sur « éviter tel ou tel endroit » ou « avoir telle ou telle attitude », parce que depuis le temps, j’en ai marre de me prendre la tête pour éviter des emmerdeurs et d’adapter ma vie pour ne pas déplaire aux autres.
Et si je me fais emmerder, par un relou « dragueur » ou par quelqu’un qui crache sur mon physique, ça sera de ma faute, après tout, je n’ai qu’à maigrir, qu’à me cacher sous des habits plus amples, qu’à ne pas être une femme, qu’à ne pas prendre les transports en commun.

Demain, je serais habillée comme d’habitude, et comme d’habitude il y aura un de ces petits incidents quotidiens, un de ces petits rappels que je suis une femme, et que je suis grosse.

C’est quand l’égalité ?

(inspiré du texte de Vincent Lahouze)

null

Laisser un commentaire